DICTIONNAIRE RAISONNÉ

DE

L'ARCHITECTURE

FRANÇAISE

DU XIe AU XVIe SIÈCLE

PAR

M. VIOLLET-LE-DUC

ARCHITECTE DU GOUVERNEMENT
INSPECTEUR-GENÉRAL DES ÉDIFICES DIOCÉSAINS


TOME SIXIÈME

PARIS
B. BANCE, ÉDITEUR
RUE BONAPARTE, 13.

MDCCCLXIII



GÂBLE, s. m. Terme de charpenterie appliqué à la maçonnerie. Il y aencore une association de charpentiers à laquelle on donne le nom deGavauds, et, dans le Berri, un homme qui a les jambes arquées endehors s'appelle un gavaud. Le gâble est originairement la réunion, àleur sommet, de deux pièces de bois inclinées. Le gâble d'une lucarnecomprend deux arbalétriers assemblés dans un bout de poinçon et venantreposer au pied, à l'extrémité de deux semelles (1).

Nous avons vu ailleurs (voy. CATHÉDRALE, CONSTRUCTION) qu'à la fin duXIIe siècle et au commencement du XIIIe, on reconstruisit, dans lesvilles du domaine royal et du nord de la France, toutes les cathédraleset un grand nombre d'églises paroissiales. Bien qu'en commençant cesédifices les ressources fussent abondantes, lorsqu'on atteignit leniveau des voûtes hautes, l'argent vint à manquer, ou du moins ne put-onle recueillir que beaucoup plus lentement. Il fallut donc employer desmoyens provisoires de couvertures qui permissent d'abriter lesconstructions faites, tant pour éviter les dégradations causées par lapluie et la gelée que pour livrer ces édifices au culte. D'ailleurs,dans les très-grands monuments, comme la cathédrale d'Amiens, parexemple, il eût été imprudent d'élever les piles, les grandes fenêtres,le mur et le bahut qui les surmontent, de poser la charpente supérieuresur ces murs isolés, ou plutôt sur ce quillage, sans bander les grandesvoûtes et les arcs-boutants qui les contre-buttent; car la stabilité deces sortes d'édifices ne consiste qu'en un système d'équilibre, depressions opposées, dont nous avons suffisamment expliqué le mécanisme àl'article CONSTRUCTION. Il fallait donc souvent maçonner les hautesvoûtes parties par parties, puis attendre la récolte des ressourcesnécessaires pour élever, les murs-goutterots et les grandes charpentes.Alors on couvrait provisoirement chaque portion de voûte terminée par leprocédé le plus simple et le plus économique: au-dessus desarcs-formerets, on élevait des gâbles en charpente dont le sommet étaitau niveau d'un faîtage posé sur des potelets suivant l'axe principal dela voûte. On réunissait ces sommets de gâbles avec ce faîtage, onchevronnait, et on posait du lattis et de la tuile sur le tout (2) (voy.le tracé A).

Les constructeurs avaient eu le soin de réserver, dans lesreins des voûtes, des cuvettes aboutissant à des gargouilles jetant leseaux directement sur le sol, comme à la Sainte-Chapelle de Paris, oudans les caniveaux de couronnements d'arcs-boutants, comme à Notre-Damed'Amiens (v. le tracé B, en C). Ainsi po

...

BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!


Sitemize Üyelik ÜCRETSİZDİR!