LES

NUITS MEXICAINES

PAR

GUSTAVE AIMARD

TROISIÈME ÉDITION
PARIS
AMYOT, ÉDITEUR, 8, RUE DE LA PAIX
MDCCCLXIV

A

Mlle LAURE DÉJAZET-AIMARD

Ma fille bien aimée, l'ange de mon foyer, je dédie
ce livre comme témoignage de ma profonde tendresse
pour elle.

GUSTAVE AIMARD.

Viry-Châtillon, 30 octobre 1863.


Table

LES

NUITS MEXICAINES


I

LAS CUMBRES

Nulle contrée au monde n'offre, aux regards éblouis des voyageurs,de plus charmants paysages que le Mexique; entre tous, celui de lasCumbres ou des cimes est sans contredit un des plus saisissants et desplus gracieusement accidentés.

Las Cumbres forment une suite de défilés au débouché des montagnes,à travers lesquelles serpente par des méandres infinis le cheminqui conduit à Puebla de los Ángeles (la ville des Anges), ainsinommée, parce que les anges, selon la tradition, en construisirentla cathédrale. La route dont nous parlons, construite par lesEspagnols, descend sur le flanc des montagnes par des angles d'unehardiesse vertigineuse, flanquée à droite et à gauche par une suitenon interrompue d'arêtes abruptes, noyées dans une vapeur bleuâtre;à chaque tournant de cette route suspendue pour ainsi dire au-dessusde précipices garnis d'une luxuriante végétation, le spectacle changeet devient de plus en plus pittoresque, les cimes des montagnes nes'élèvent pas l'une derrière l'autre, mais s'abaissent graduellement,tandis que celles qu'on a franchies se dressent au contraire à pic enarrière.

Le 2 juillet 18.., vers quatre heures de l'après-midi, au moment oùle soleil, déjà bas sur l'horizon, ne déversait plus que des rayonsobliques sur la terre calcinée par la chaleur du mediodía et que labrise, en se levant, commençait à rafraîchir l'atmosphère embrasée,deux voyageurs, bien montés, émergèrent d'un bois touffu de yucas,de bananiers et de bambous aux aigrettes de pourpre, et s'engagèrentsur une route poudreuse aboutissant par une suite de degrés immensesà un vallon où un ruisseau limpide courait à travers la verdure etentretenait une douce fraîcheur.

Les voyageurs, séduits probablement par l'aspect imprévu du paysagegrandiose qui se déroulait si soudainement à leurs yeux, arrêtèrentleurs montures, et, après avoir pendant quelques minutes considéré avecadmiration les pittoresques accidents des échappées de montagnes, ilsmirent pied à terre, ôtèrent la bride à leurs chevaux et s'assirentsur le bord du ruisseau dans le but évident de jouir, pendant quelquesinstants de plus, des effets de cet admirable kaléidoscope, unique dansle monde.

D'après la direction qu'ils suivaient, ces cavaliers semblaient venird'Orizaba et se diriger vers Puebla de los Ángeles dont, au reste, ilsn'étaient pas fort éloignés en ce moment.

Ces deux cavaliers portaient le costume des riches propriétairesd'haciendas, costume que nous avons trop souvent décrit pour que nousrecommencions à le faire ici; nous noterons seulement une particularitécaractéristique que rendait nécessaire le peu de sûreté des routes àl'époque où se passe cette histoire: tous deux étaient armés d'unefaçon formidable et portaient avec eux un arsenal complet; en sus desrevolvers à six coups placés dans leurs fontes, d'autres revolvers àsix coups aussi étaient passés dans leur ceinture. Ils portaient à lamain un excellen

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