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COURS FAMILIER
DE
LITTÉRATURE

UN ENTRETIEN PAR MOIS

PAR
M. A. DE LAMARTINE

TOME NEUVIÈME

PARIS
ON S'ABONNE CHEZ L'AUTEUR,
RUE DE LA VILLE L'ÉVÊQUE, 43.

1860

L'auteur se réserve le droit de traduction et de reproduction àl'étranger.

COURS FAMILIER
DE
LITTÉRATURE

REVUE MENSUELLE.

IX

Paris.—Typographie de Firmin Didot frères, fils et Cie, rue Jacob, 56.

(p. 5) XLIXe ENTRETIEN
Premier de la cinquième année.

LES SALONS LITTÉRAIRES.
SOUVENIRS DE MADAME RÉCAMIER.

I

Les salons littéraires, depuis Aspasie à Athènes jusqu'à madame Récamierà Paris, font certainement partie de la littérature; ces salons sont lefoyer du génie, le coin du feu de la gloire; c'est pourquoi nousconsacrons cet Entretien à madame Récamier.

(p. 6) II

Le temps fuit en emportant tout dans sa course, mais un petit volumel'arrête et le fait revenir sur ses pas. Un petit volume est la seulechose qui ait cette puissance: c'est la pierre d'achoppement du temps.Pourquoi? C'est que ce petit volume est le souvenir écrit, lesouvenir qui fixe et qui fait revivre le passé. Voilà pourquoi aussile public goûte tant ces petits livres intitulés les Souvenirs: c'estqu'ils sont en littérature une protestation de notre fugitivité contrela mobilité du temps, contre la brièveté de notre existence et contre lapire des morts, la mort de notre nom, la sépulture de l'oubli.

Ces réflexions nous sont suggérées par la lecture de deux intéressantsvolumes écrits, recueillis et publiés hier par la fille adoptive demadame Récamier (madame Lenormant), et publiés juste à l'heure où ce nomde madame Récamier, naguère célèbre, allait s'enfoncer sans trace sousl'horizon si court des célébrités évanouies.

(p. 7) III

Et pourquoi tenez-vous tant, nous dira-t-on, à ce que madame Récamierlaisse une trace personnelle au milieu de ces innombrables événements etde ces innombrables personnages qui ont rempli de Mémoires plushistoriques la première moitié de ce dix-neuvième siècle, le siècle dela France? Madame Récamier ne fut ni un événement, ni un personnage, niun grand fait, ni une grande idée, ni même un grand talent, ni surtoutune grande puissance, dans cette foule de choses et d'individualités quiencombrent l'histoire de ces soixante ans.

Cela est vrai; mais elle y fut plus qu'une grande chose, qu'un grandtalent, qu'un grand événement, qu'une grande puissance; elle y fut ungrand éblouissement des yeux, elle y fut un long enivrement descœurs, elle y fut une grande puissance de la nature; elle y fut labeauté!!!

La beauté est la royauté de la nature, peu (p. 8) importe qu'ellesoit née, comme Cléopâtre, sur un trône, ou, comme la Vénus antique, del'écume de l'onde, ou, comme lady Hamilton, de la lie des vices; dèsqu'elle paraît elle règne; dès qu'elle sourit elle enchaîne; que l'onsoit Phidias, Raphaël, Dante, Pétrarque, César, Nelson, lord Byron,Bonaparte, Chateaubriand, elle consume Phidias de la passion dereproduire le beau dans le marbre; elle divinise Raphaël sous le regardde la Fornarina, et elle le fait mourir, comme le phénix, dans l

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