LES

GRANDES CHRONIQUES

DE FRANCE,

selon que elles sont conservées
en l'Église de Saint-Denis
en France.

PUBLIÉES PAR M. Paulin Paris.

TOME PREMIER.



PARIS.

TECHENER, LIBRAIRE,
12, PLACE DU LOUVRE.

1836.



PARIS, IMPRIMERIE DE BÉTHUNE ET PLON, RUE DE VAUGIRARD, 36.



LES GRANDES CHRONIQUES DE FRANCE,
SELON QUE ELLES SONT CONSERVÉES
EN L'ÉGLISE DE SAINT-DENIS
EN FRANCE.





DISSERTATION

SUR LES CHRONIQUES DE SAINT-DENIS ET SUR LES PREMIÈRES SOURCES
DE L'HISTOIRE DE FRANCE JUSQU'A LA MORT DE DAGOBERT Ier.


Les moines ont donné l'exemple des bibliothèques aux rois. Lesmanuscrits qui nous conservent aujourd'hui les plus anciens monumens dela littérature païenne ont été copiés pour des gens d'église; et de mêmequ'il nous a fallu troubler les Romains dans leurs tombeaux, pourretrouver la mosaïque de leur vie privée, nous avons dû, pour entrer enpossession des premiers titres de notre histoire, interrogerexclusivement ceux qui pourtant avoient rompu tous les liens qui lesattachoient au monde. Supposez un instant que nul monastère n'ait étéfondé avant le XIIIeme siècle, vous n'avez plus aucun moyen de pénétrerdans le secret des âges précédens. Il faudra vous contenter de cesrécits populaires fort beaux sans doute, mais dans lesquels tout seconfond, les années, les lieux, les héros et les peuples. Il faudra,pour la France, consulter exclusivement les chansons de Roland, deGuillaume au court-nez, de Garin le Loherain ou de Renaud de Montauban.Rien de plus trompeur que les traditions vulgaires; en moins d'un siècleelles peuvent confondre le beau Dunois, Marlborough, Charlemagne etl'invincible Cambronne. Voilà pourquoi les Celtes, qui confièrent leursannales à la mémoire des hommes, n'ont plus d'annales, et pourquoi lespremières générations de la Grèce, pour s'en être trop rapportées auxpoètes, n'ont pas eu de véritable histoire.

La France a, comme la Grèce, ses temps fabuleux et héroïques; maiselle a de plus que cette reine de la civilisation, l'histoirecontemporaine de ses héros d'épopée. Agamemnon existe par la seule grâcedes poètes, tandis que Charlemagne est entouré de la double auréole dontEginhard et la chanson de Roncevaux ont éclairé son front. Ainsi, prèsde nos récits poétiques, s'élève une autre série de récits plusaustères; et tandis que le peuple applaudit ses jongleurs, lesmonastères recueillent des souvenirs que les générations suivantesviendront consulter de préférence.

Les moines ne se contentèrent pas de rassembler les débris du tempspassé et d'ouvrir un asile à tous les monumens écrits de l'intelligence:ils furent plus d'une fois les émules de ceux dont ils gardoient lesdépouilles. Comme les navigateurs se plaisent à raconter les dangers deleurs anciennes courses, ils se plurent, échappés eux-mêmes aux passionsmondaines, à jeter sur la mer du monde un regard mélancolique quipouvoit bien aussi n'être pas dépourvu de charme. Sans doute deshabitudes contraires, des préventions exagérées dirigèrent alors lecours de leurs réflexions; sans doute ils retracèrent de préférence lesfaits analogues aux sentimens qui dirigeoient leur conscience; mais lavie active n'en étoit pas moins l'ob

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