LES MUSES
DE LA NOUVELLE
FRANCE

A MONSEIGNEUR
LE CHANCELIER

Avia Pieridum peregro loca nullius antè
Trita solo
. . . . .

[Illustration]

A PARIS

Chez JEAN MILLOT, devant S. Barthelemy,
aux trois Coronnes: Et en sa boutique
sur les degrez de la grand’ salle du Palais.


M. DC. XII.

Avec Privilege du Roy.

[Illustration]

A
MONSEIGNEUR
MESSIRE NICOLAS
BRULART SEIGNEUR
de Sillery, Chancelier de
France & de Navarre.

ONSEIGNEUR,

Les Muses de la NOUVELLE-FRANCE ayans passé d’un autre monde à cetui-ci,aujourd’hui se presentent à voz piés en esperance de recevoir quelquemon accueil de vous, qui estant le Pere de celles qui resident sur leParnassse de nôtre France Gaulloise & Orientale, desirent aussi que decette méme affection une flamme forte, qui les environne & reçoive en satutele. Que si elles sont mal peignées, & rustiquement vetuës;considerez, Monseigneur, le païs d’où elles viennent, incult, herissé deforéts, & habité de peuples vagabons, vivans de chasse, aymans laguerre, méprisans les delicatesse, non civilisés, & en un mot qu’onappelle Sauvages: & attribués à la communication qu’elles ont euë aveceux, & aux flots de la mer, leur defaut: je veux dire si elles ne sonten si bonne conche & en bon point comme celles qui ont accoutumé de sepresenter à vous. Elles sont encore pour le present semblables à cespoissons qui sont appelés Abramides en la Pécherie d’Oppian, lesquelssans demeure certaine changent perpetuellement de place, se trouvansbien en toute sorte de terre, au contraire de plusieurs qui ne peuventvivre qu’en un lieu. Poissons vrayment figure du peuple Hebrieu, & de lavie de ce monde, soit qu’on les prenne par leur nom, soit que l’onconsidere leur façon de vivre, toujours étrangers, conduits par laprovidence de celui qui les a creés, ainsi que le grand Abraham pere descroyans, duquel non sans cause ilz portent le nom. Mais s’il arrive,Monseigneur, que par vôtre faveur, assistance, & support, elles soientun jour arretées és montagnes du Port Royal & ruisseaux qui endecoulent, & ayent le moyen de se rendre plus civiles, & mieux venantesà la cadence des fredons d’Apollon: ainsi qu’aux premiers temps éssolennitez publiques & sainctes on dansoit & chantoit des hymnes &cantiques, tant de vive voix, que sur tous instrumens de Musique àl’honneur du vray Dieu: De mémes elles feront souz vos auspices maintesfétes solennelles, ou vôtre nom sera exalté, & en leurs chansonsrememorez les bien-faits de celui, qui apres avoir bien merité de sonRoy, de sa patrie, & de toute la Chrétienté, aura encore pris un soinnon indigne d’un Chancelier de France, qui sera d’aider àl’etablissement des Muses en la France Nouvelle, trans-marine, &Occidentale, pour la conversion des peuples infideles.

Vôtre tres-humble &
tres-obeissant serviteur

MARC LESCARBOT
Vervinois

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