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Paris.—Imprimé par E. Thuxot et Co, 26, rue Hacine.
UN MISANTHROPE A LA COUR DE LOUIS XIV
MONTAUSIER
SA VIE ET SON TEMPS
PAR
AMÉDÉE ROUX
PARIS
DIDIER ET CIE, LIBRAIRES | ![]() | AUG. DURAND, LIBRAIRE |
35, quai des Augustins. | 7, rue des Grès-Sorbonne. |
1860
Au moment de présenter au public une nouvelleétude sur le XVIIe siècle, j'éprouve le besoind'expliquer mon dessein, et de justifier ce quidans le titre même de cet ouvrage pourrait paraîtreambitieux ou inexact. Il semble exorbitantsans doute, de faire d'un personnage qui ne s'appelaitni Richelieu ni Louis XIV le point central oùviennent converger les événements d'une époqueimmortelle, et cependant, plus j'ai étudié la viedu duc de Montausier, plus elle m'est apparuecomme une magnifique synthèse du grand sièclepris dans son ensemble, et considéré sous ses aspectsles plus saillants: la guerre de Trente ans, la VIFronde, l'épanouissement littéraire et la persécutionreligieuse.
Soldat à dix-huit ans, maréchal de camp dix ansplus tard, Montausier prit part à tous les combatsqui ont signalé cette époque agitée de notre histoiredepuis le siége de Casal jusqu'à la conquêtede la Franche-Comté et, mérite plus rare, restatoujours fidèle à son prince au sein des tempêtesciviles, alors peut-être qu'il eût dépendu de luiseul de transformer la vieille monarchie françaiseen république aristocratique [1].
Si maintenant, quittant le champ de bataille,bruyant théâtre où par sa valeur indomptable ilétonnait des juges tels que Rantzau, Weymar,Bussy, Turenne et Condé, nous suivons le ducdans sa studieuse retraite de l'Angoumois ou dansle salon bleu de l'hôtel de Rambouillet, le spectaclechange sans devenir moins curieux ou moins intéressant.Montausier se présente aux regards de lapostérité escorté de ces écrivains célèbres quifurent ses protégés ou ses amis: Balzac, Chapelain,Conrart, Gombauld, Ménage, Godeau, au milieudesquels ressort la physionomie sympathique deMadelaine de Scudéry. Poëte lui-même à sesheures, et trop modeste pour livrer à la publicité VIIdes œuvres indignes de voir le jour, il n'use de saqualité d'homme de lettres que pour traiter sesconfrères sur le pied de l'égalité, sauf à leu