Surintendant des Finances
D'APRÈS
L'OUVRAGE DE M. JULES LAIR
PAR
LE COMTE DE MARSY
COMPIÈGNE
IMPRIMERIE HENRY LEFEBVRE
31, Rue Solferino, 31.
1890
Extrait du Journal l'ECHO DE L'OISE
des 5, 9 et 12 septembre 1890.
I, II, III, IV, V |
Il existe, dans notre histoire nationale, un certain nombre de faits, etsouvent des plus importants, qui, bien que rapportés soit par lesécrivains contemporains, soit par les historiens des siècles suivants,restent encore en quelque sorte aujourd'hui à l'état de problèmes.
Beaucoup d'entre eux ont, depuis un demi-siècle, attiré à juste titrel'attention de nos érudits qui en ont cherché et souvent trouvé avecsuccès la solution.
De nouvelles sources ont été livrées aux travailleurs en même tempsqu'une méthode plus rationnelle ouvrait une nouvelle voie à la critique.C'est ainsi que nous avons vu tous les grands faits de notre histoire,tous les personnages de premier ordre soumis à de récentesinvestigations, et—chose qui ne laisse pas que d'être digne deremarque—ce ne sont pas seulement des érudits de profession qui ontentrepris ces enquêtes, ce sont des hommes qui joignent à l'étude dessources et aux qualités littéraires, des aptitudes spéciales, et qui, àce titre, marquent ou ont marqué dans les assemblées politiques, dansles administrations publiques ou dans la direction de grandes compagniesfinancières ou industrielles.
Le duc de Broglie a repris, par exemple, l'étude de la diplomatie durègne de Louis XV, M. Amédée Lefèvre-Pontalis nous a initiés à laquestion si délicate des Révolutions des Pays-Bas, M. Pallain a dévoiléune partie des secrets que renferme la correspondance de Talleyrand, M.Vuitry s'est efforcé de faire connaître l'histoire financière du moyenâge, etc..., aujourd'hui, M. Jules Lair nous donne un travail des pluscomplets sur Nicolas Foucquet, le célèbre surintendant des finances, lefastueux propriétaire de Vaux, détenu, pendant les vingt dernièresannées de sa vie, prisonnier à la Bastille et à Pignerol[1].
Dans une introduction, adressée à un des premiers administrateurs denotre époque, le baron Haussmann, l'auteur rappelle comment, après avoirétudié l'histoire de Mademoiselle de La Vallière[2], il s'est reprochéle jugement trop sévère qu'il avait été amené à porter sur Foucquet, ens'appuyant sur des opinions reçues, et, par suite de quels scrupules, ilavait poursuivi, pendant près de dix ans la révision de ce procès.
Initié aux recherches historiques par cet enseignement que l'École desChartes seule sait donner, en nous ramenant toujours aux sources, M. J.Lair, après avoir consacré de nombreuses années à l'examen de questionsrelatives à l'histoire du moyen âge, telles que la chronique du Dudon deSaint-Quentin et les origines de l'évêché de Bayeux, à l'étude desorganisations administratives, à l'occasion de l'histoire du Parlementde Normandie pendant la Ligue, a su mettre à profit, dans son nouvelouvrage, son expérience des affaires et les connaissances pratiquesqu'il lui a été donné d'acquérir en dirigeant un de nos premiersétablissements financiers et commerciaux.
Nous ne pouvons suivre pas à pas l'auteur