JEAN MORÉAS ET PAUL ADAM
PARIS
TRESSE ET STOCK, LIBRAIRES-ÉDITEURS
8, 9, 10, 11, Galerie du Théâtre-Français
PALAIS-ROYAL
1886
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Ce volume a été déposé au Ministère de l'Intérieur (sectionde la librairie) en Juillet 1886.
OUVRAGES DE JEAN MORÉAS:
LES SYRTES.
LES CANTILÈNES.
OUVRAGES DE PAUL ADAM:
CHAIR MOLLE.
SOI.
Pour paraître prochainement:
LES DEMOISELLES GOUBERT
MŒURS DE PARIS
par
JEAN MORÉAS ET PAUL ADAM
3694.—ABBEVILLE, TYP. ET STÉR. A. RETAUX.—1886.
Il a été tiré de cet ouvrage sur papier de Hollandedix exemplaires numérotés à la presse.
C'est l'hiémale nuit et ses buées et leurs douxcomas.
Quartier Malesherbes.
Boudoir oblong.
En la profondeur violâtre du tapis, des cycloïdesbigarrures.
En les froncis des tentures, l'inflexion des voixs'apitoie; en les froncis des tentures lourdes, sombres,à plumetis.
C'est l'hiémale nuit et ses buées et leurs douxcomas.
Dehors, la blancheur pacifiante des neiges.
Au foyer, la flamme s'allonge, s'allonge et serecroqueville, s'aplatit et se renfle,—facétieuse.
Et des émanations défaillent par le boudoir oblong,des émanations comme d'une guimpe attiédie, d'uneguimpe attiédie au contact du derme.
Le jour froid des lampes filtre et se réfracte. Lejour des lampes se réfracte en la profondeur violâtredu tapis aux cycloïdes bigarrures; il se réfracte contreles tentures sombres, à plumetis.
Au-dessus du sofa brodé de lames, dans son cadred'or bruni, un PAYSAGE: Perse stagne la mare;les joncs flexueux où des engoulevents volètent, laceignent. A gauche, des peupliers que le cadreétronçonne, et tout au fond, par les ciels dégradés,dans la grivelure argentée de leurs ailes éployées, unvol tumultueux de grèbes.
En face du sofa brodé de lames, sur un meublebas, pentagone, que des télamons supportent, dehautes feuilles de parchemins vêtues de poult-de-soieblanc, aux agrafes d'un métal précieusement oxydé,s'étalent.
Et ce sont là devis et contes, devis et contes futileset sentencieux, écrits pour l'agrément de la Dame parses deux sigisbées.
C'est l'hiémale nuit et ses buées et leurs douxcomas.
Dehors, la blancheur pacifiante des neiges.
Au foyer, la flamme s'allonge, s'allonge et serecroqueville, s'aplatit et se renfle,—facétieuse.
… Miranda, toute droite, à l'aise en une sorte decanezou d'escot aux passements de jais et de soie écarlate,verse du thé de ses mains bien fardées.
Aux Tuileries, contre la terrasse qui longe laSeine, elle se tient assise, en brodant. Et sedétache à peine sa toilette sobre sur le vertnoir du lierre.
Paul Doriaste est revenu là pour lui découvrir lesimperfections peu visibles, mais dé