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LESGRANDES CHRONIQUESDE FRANCE,selon que elles sont conservéesen l'église de Saint-Denisen France.
Publiées par M. PAULIN PARIS, de l'Académie royale des Inscriptions et
Belles-Lettres.
1838.
Coment il fu né, et de l'avision son père.
[1]En l'an de l'Incarnation mil cent-soixante-cinq fu né le bon royPhelippe, en la onziesme kalende de septembre, à la feste saint Thimotée etsaint Simphorian. (Quant l'enfant fu né,) il fu appelé[2]Phelippe-Dieudonné par anthonomasie; car le roy Loys son père qui estoitsaint homme et bon crestien avoit receu plusieurs filles de trois femmesqu'il avoit espousées, n'avoir ne povoit nul hoir masle qui après luygouvernast le royaume de France: mais à la parfin le preud'homme et lanoble roine Ale sa femme et tout le clergié et tout le royaume seconvertirent à aumosnes et oroisons. Et le preud'homme qui pas n'avoitvaine gloire né présumpcion de ses mérites, mais espérance en lamiséricorde de Nostre-Seigneur, requist à Dieu un fils par telles parolles:«Sire Dieu, je te prie qu'il te souviengne de moy, et que n'entres pas enjugement contre ton sergent; car nul homme qui vive n'est jugié en tonregart; mais soies piteux à moy pécheur. Et sé j'ai pechié ainsi commeautre homme, espargne moy toutevoies, et sé j'ai ricus fait en toute ma viequi te plaise, je te pri qu'il ne périsse par mes péchiés. Sire, aies mercide moy selon ta grant miséricorde et me donne un fils hoir de mon corps,noble gouverneur du royaume de France, à la confusion de mes ennemis, qu'ilne me puissent reprouchier et dire: T'espérance si est vaine, tes aumosneset tes oroisons sont péries. Mais tu, Sire, selon ta volenté me soiesmiséricors, et commande que mon esperit soit en paix receu en la fin de mesjours.»
Note 1: À compter d'ici, notre chroniqueur de Saint-Denis reproduit le texte des Gesta Philippi-Augusti de Rigord. (Voy. Historiens de France, tome XVII, p. 4 et suiv.)
Note 2: Il fu appelé. Il faudroit: Il doit être appelé. «Debet vocari.»
Telles prières faisoit le roy à nostre Seigneur, tout le clergié et lepeuple du royaume: et nostre Sire qui pas ne refusa ses prières, lui donnaun fils qui eut à nom Phelippe Dieudonné (qu'il fist nourrir sainctement)et introduire plainement en la foy Jhésu-Crist et ès commandement desaincte églyse. Et quand il fu en aage convenable il le fist couronner àRains à grant sollemnité, et vesqui puis tant qu'il le vit gouverner leroyaume glorieusement, près d'un an avant ce qu'il trespassast.
Une avision merveilleuse vit le roy en dormant. Celle avision luireprésentoit que Phelippe son fils tenoit un calice d'or en sa ma