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ALBERT HEUMANN

Le Mouvement littéraire Belge d'expression française depuis 1880

PRÉFACE PAR M. CAMILLE JULLIAN, DE L'INSTITUT
PARIS
MERCVRE DE FRANCE
MCMXIII

[Illustration: Dédicace à Monsieur le Préfet Bernard]

À PAUL DESJARDINS

En amitié respectueuse,

A. H.

PRÉFACE

Beaucoup d'érudits et de lettrés s'imaginent volontiers que la Belgiqueest une création artificielle, œuvre de l'histoire et des volontéshumaines, et ne s'appuyant sur aucun fait éternel de la nature: un nomemprunté à la vieille chronique des Gaules, des intérêts communsunissant les villes, quelques circonstances heureuses, des adversairesqui ne peuvent s'entendre pour en finir avec ce petit peuple, voilà,croit-on parfois, ce qui l'a fait et ce qui le maintiendra.—Quel'histoire ou la vie des hommes ait fait pour lui plus que pour aucunautre, même que pour la Hollande sa voisine, cela serait facile àmontrer. Mais la nature ou la vie de la terre, elle aussi, a présidé àsa naissance, justifié sa grandeur, présagé peut-être son éternité.

Il a, quoi qu'on ait dit, ses frontières naturelles. Au nord, c'est leRhin, élargi par endroits en vastes marécages, ou c'est la Meuse auxreplis parfois larges comme des golfes. À l'est, c'est cette même Meuseou les terres basses qui l'accompagnent, et puis, toujours à l'est,commencent les forêts, qui continuent vers le sud à encadrer laBelgique. Que de fois, dans nos livres de classe français, on nous aenseigné qu'entre la France et la Belgique il n'y avait que des lignesde limites artificielles! Que se cachait-il sous cette assertion? uneerreur fondamentale sur la nature des frontières? un vague souvenir desprétentions lointaines de notre patrie sur ce peuple? je ne sais: cen'en était pas moins une chose mauvaise que l'on disait, contrevérité etcontre-justice à la fois. En réalité, entre Belges et Français, il y ala forêt, Ardennes ou Charbonnière, et la forêt, autrefois commeaujourd'hui, c'est une barrière entre les peuples au moins aussi dure àfranchir que la rivière et que la montagne. C'est elle qui a fait queles Rèmes au sud ont vécu tout à fait gaulois, et qui a fait que lesNerviens au nord ont vécu à demi germains. Il m'est arrivé bien des foisde traverser et couper cette forêt, de France en Belgique, de Belgiqueen France, d'en constater l'état actuel, d'en repérer les vestigesanciens (noms de lieux, etc.), et chaque fois, suivant les vieillesroutes romaines qui la franchissaient, j'ai mieux compris les ennuis etles dangers qu'elle infligeait aux tribus et pourquoi elles se sontarrêtées à sa lisière, plus craintives que devant des Pyrénées ou desAlpes.

Du côté de l'ouest, cela va saris dire, la limite est l'Océan. Mais ici,c'est une limite d'un genre particulier. Nous sommes en présence de ceque j'appellerai volontiers la partie la plus humaine de l'Océan. Nullepart il ne voit converger plus de routes, s'ouvrir plus d'estuaires,s'insinuer de plus importants détroits. Du sud viennent les bouches del'Escaut et de la Meuse, au nord apparaît celle de la Tamise, et plusloin c'est l'Elbe qui dégorge ses flots, et plus près c'est le passagedu Canal. Il y a là, pour l'Océan Atlantique, une sorte de nœud d'eaux,marines et courantes, de p

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