HISTOIRE

DU

CANADA

DEPUIS SA DÉCOUVERTE JUSQU'A NOS JOURS.
PAR

F. X. GARNEAU.




TOME PREMIER.




QUÉBEC:
IMPRIMERIE DE N. AUBIN, RUE COUILLARD, No. 14.


1845.



Il y a peu de pays en Amérique sur lescommencemens desquels l'on ait tant écrit quesur ceux du Canada, et encore moins quisoient, après tout, si pauvres en histoires; caron ne doit pas prendre pour telles, plusieursouvrages qui en portent le nom, et qui ne sontautre chose que des mémoires ou des narrationsde voyageur, comme, par exemple, l'Histoirede l'Amérique septentrionale par la Potherie.

Pendant longtemps l'on vit paraître en Franceune foule de livres dans lesquels était soigneusementrecueilli tout ce qui se passait dans cettenouvelle contrée, où une lutte sanglante s'étaitengagée entre la civilisation et la barbarie.Mais ces oeuvres avaient pour la plupart peude mérite littéraire, quoiqu'elles continssent, enrevanche, une multitude de choses singulièreset intéressantes qui les faisaient rechercher enEurope avec avidité. Peu à peu, cependant,cette ardeur s'affaiblit avec la nouveauté desscènes qu'elles retraçaient, et le Canada occupaità peine l'attention de la France, lorsquele sort des armes le fit passer en d'autres mains.Après cet événement, les écrivains, qui laissentdes matériaux pour l'histoire canadienne deleur temps, deviennent encore plus rares.

Parmi les auteurs dont nous venons deparler, et qui sont antérieurs à la conquête, ilne faut pas confondre, cependant, le célèbreJésuite Charlevoix. Le plan étendu de sonHistoire de la Nouvelle-France, l'exactitudegénérale des faits qu'il développe, son stylesimple et naturel, lui ont assuré depuis longtempsun rang distingué en Amérique; et leCanada le réclame encore aujourd'hui commele premier de ses historiens.

Il faut reconnaître néanmoins qu'il s'abandonnequelquefois à une pieuse crédulité, etque ses affections exercent sur lui une influenceà laquelle il ne peut pas toujours se soustraire.Mais cela est bien pardonnable dans celui dontl'état imposait des obligations que le caractèred'historien ne pouvait même faire rompre.

Du reste, il parle des hommes et des chosesavec autant de modération qu'il sait, en général,juger avec sagesse et impartialité. Ses rapportsintimes avec la cour de France lui ont procurél'avantage de puiser à des sources précieuses;et notre histoire, qui n'était jusqu'à lui qu'unsquelette informe, a pris, sous sa plume, ledéveloppement et les proportions d'un ouvragecomplet, le meilleur qui eût été écrit jusque-làsur l'Amérique septentrionale. C'est à ce titre,que cet auteur doit d'être appelé le créateurde l'histoire du Canada. S'il est tombé dansquelques erreurs sur les voyages de JacquesCartier, et sur les premiers temps de la colonie,en pouvait-il être autrement à une époque où lesmatériaux dont il avait besoin, étaient épars ouinconnus pour la plupart, et qu'il n'a dû rassemblerqu'à grands frais et après des recherchesimmenses?

Cependant le but et le caractère de l'Histoirede la Nouvelle-France, ne conviennentplus à nos circonstances et à notre état politique.Ecrite principalement au point de vuereligieux, elle contient de longues et nombreusesdigressions sur les travaux des missionnairesrépandus au milieu des tribus indiennes,qui sont dénuées d'intérêt pour la généralitédes lecteurs. En outre, l'auteur, s'adressant àla France, a dû entrer dans une foule de détailsnécessaires en Europe, mais inutiles en Canada;d'autres aussi ont perdu leur intérêt parl'éloignement des te

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