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LE VAINQUEUR DE MOUKDEN
Le maréchal Oyama photographiépar J. Hare devant sa tente.

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Le numéro de la semaine prochaine, portant la date du 25 mars,contiendra:

LES VENTRES DORÉS

la belle oeuvre dramatique de M. Emile Fabre, représentée au théâtrede l'Odéon avec un succès qui va augmentant chaque soir.

Paraîtront ensuite, en avril et mai, les pièces nouvelles de MM. HenriLavedan, Brieux, Paul Hervieu, Catulle Mendès, Pierre Wolff, AlfredCapus.

Courrier de Paris

JOURNAL D'UNE ÉTRANGÈRE

J'ai passé une soirée extrêmement intéressante, cette semaine, à voirdes gens s'assommer à coups de poing. Cela se passait aux Ternes, salleWagram, et l'énorme affluence de curieux qu'attirait si loin du centrede Paris ce spectacle très spécial et un peu effarant m'avait d'abordsurprise. Mais l'ami qui m'accompagnait me renseigna:

--Nos championnats de boxe, me dit-il, ont un public; un vrai public quien suit, depuis trois années, les épreuves avec une sympathieintelligente et passionnée, et que pousse ici non pas, comme beaucoup lecroient, l'amusement de voir des hommes se faire du mal en se donnantdes coups, mais le désir d'applaudir à des gestes d'adresse et decourage. Tenez, regardez. Il y a dans ce que vous allez voir une beautéque vous ne soupçonnez pas...

Les deux adversaires ont escaladé d'un bond la haute estrade carrée oùva se donner l'assaut. Chacun est assisté d'un «soigneur» qui vérifierapidement la tenue du combattant, ajuste à ses poignets les gantsmonstrueux qu'on vient de peser, dispose autour de lui la cuvette et lacarafe pleine d'eau fraîche, un citron, des serviettes. Les deux hommesont les mollets et le torse nus. Ils se sourient, s'abordent avec ungeste de poignée de main, puis prennent du champ et, sur un signe del'arbitre--comme subitement devenus fous--foncent l'un sur l'autre.

Et l'on voit les corps nus bondir, les bras se détendre et frapper; leschocs furieux des poings résonnent en coups mats, auxquels font écho,dans le silence de l'immense salle, les grognements de surprise, decondoléance ou d'admiration d'une foule angoissée... Coup de cloche. Uneminute de repos. Deux chaises sont prestement posées à deux coins del'estrade; les combattants s'y affalent, suants, à bout de souffle. L'und'eux, très jeune, imberbe et de face distinguée, saigne un peu du nezet l'oeil gauche porte la marque d'un terrible coup. Le soigneur luiventile la figure au moyen d'une serviette secouée, lui écrase auxlèvres une tranche de citron. Coup de cloche.

Ils sont debout. L'arbitre dit: «Allez.» Et de nouveau, d'un même élanrageur, éperdu, les deux corps s'entre-choquent et les poings tapent...Je demande à mon compagnon:

--Qui sont ces jeunes gens?

--Des amateurs, me dit-il. Ce très jeune homme, qui a la figure en sang,est un employé de banque. Il a pour adversaire un ingénieur. Tout àl'heure, vous verrez monter sur le ring un garçon très fort, quiappartient à la plus authentique aristocratie parisienne et vient icidonner et recevoir des coups de poing sous un nom d'emprunt. Le

...

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