Note sur la transcription: L'orthographe d'origine a été conservée etn'a pas été harmonisée. Quelques erreurs clairement introduites par letypographe ont cependant été corrigées. |
SEVRES.—M. CERF, IMPRIMEUR. 144. RUE ROYALE.
ÉTUDES SUR BEETHOVEN, GLUCK ET WEBER.
MÉLANGES ET NOUVELLES.
PARIS
JULES LABITTE, LIBRAIRE-EDITEUR.
Nº 3. QUAI VOLTAIRE.
1844
SON ALTESSE ROYALE
MONSEIGNEUR
HOMMAGE
DE LA RESPECTUEUSE RECONNAISSANCE
DE L'AUTEUR,
HECTOR BERLIOZ.
Oui, mon cher Morel, me voilà revenu de ce long voyage en Allemagne,pendant lequel j'ai donné quinze concerts et fait près de cinquanterépétitions. Vous pensez qu'après de telles fatigues, je dois avoirbesoin d'inaction et de repos, et vous avez raison; mais vous auriezpeine à croire combien ce repos et cette inaction me paraissentétranges! Souvent, le matin, à demi-réveillé, je m'habilleprécipitamment, persuadé que je suis en retard et que l'orchestrem'attend.... puis, après un instant de réflexion, revenant au sentimentde la réalité: Quel orchestre, me dis-je? Je suis à Paris où l'usage esttoujours au contraire que l'orchestre se fasse attendre! D'ailleurs jene donne pas de concert, je n'ai pas de chœurs à instruire, pas desymphonie à monter; je ne dois voir ce matin ni Meyerbeer, niMendelssohn, ni Lipinski, ni Marchner, ni A. Bohrer, ni Schlosser, niMangold, ni Krebbs, ni les frères Müller, ni aucun de ces excellentsartistes allemands qui m'ont fait un si gracieux accueil et m'ont donnétant de preuves de déférence et de dévouement!.... On n'entend guère demusique en France à cette heure, et vous tous, mes amis, que j'ai étébien heureux de revoir, vous avez un air si triste, si découragé, quandje vous questionne sur ce qui s'est fait à Paris en mon absence, que lefroid me saisit au cœur avec le désir de retourner en Allemagne oùl'enthousiasme existe encore. Et pourtant quelles ressources immensesnous possédons dans ce vortex parisien, vers lequel tendent inquiètesles ambitions de toute l'Europe! Que de beaux résultats on pourraitobtenir de la réunion de tous les moyens dont disposent et leConservatoire, et le Gymnase musical, et nos trois théâtres lyriques, etles églises, et les écoles de chant! Avec ces éléments dispersés et aumoyen d'un triage intelligent, on formerait sinon un chœurirréprochable (les voix ne sont pas assez exercées), au moins unorchestre sans pareil! Pour parvenir à faire entendre aux Parisiens unsi magnifique ensemble de huit à neuf cents musiciens, il