Le 101e Régiment, illustré de 85 gravures, 1 beau volumein-8o (2e édit.) | 4 fr. 50 |
La Vie en détail.—Le 101e Régiment, etc., 1 vol. grandin-18, (35e édition) | 1 » |
Le Grain de sable, 1 vol. grand in-18 (8e édit.) | 2 » |
Le Capitaine Sauvage.
Eusèbe et Marguerite, nouvelle série de la Bêtise Humaine.
Paris.—Imp. de la Librairie Nouvelle, A. Bourdilliat, 15, rue Breda.
Lorsque Eusèbe eut atteint sa vingt-unième année,son père, M. Martin, qui était un homme debon sens, lui dit:
—Eusèbe, vous n'êtes plus un enfant, il esttemps de vous instruire. Vous n'aviez que huit anslorsque vous perdîtes votre mère, ma femme bien-aimée.Ce fut un grand malheur, car son cœur aurait[p. 2]été pour vous un trésor d'affection. Cependant s'ilétait permis de croire aux compensations dans lesdestinées humaines, je penserais que cette perte,bien douloureuse sans doute, fut compensée. Votremère vous eût tant gâté si elle eût vécu, qu'à l'heureoù nous parlons, vous ne seriez même pas unhomme.
J'ai été pour vous un père plein de sollicitude,souvenez-vous: depuis le jour où votre mère estmorte, je vous ai laissé libre comme l'oiseau quichante en ce moment sur le tilleul de la grandeporte. L'été je vous ai donné des vêtements frais,l'hiver des vêtements chauds. Ma table a toujoursété abondamment fournie: comme je nevous ai jamais dit que vous mangiez trop, l'idéede trop manger ne vous est point venue.Je vous ai habitué à courir les champs et à travailleravec les paysans, ce qui vous a rendu fortet vigoureux.
En bonne morale, je ne vous devais pas autrechose. Néanmoins, je vous ai appris à lire et àécrire. Je ne puis vous dire à quel point je voussuis reconnaissant de n'avoir pas eu la tête dure;[p. 3]au lieu de m'occuper six mois, vous m'eussiez ennuyédeux ans, peut-être plus.
Quel est l'usage que vous avez fait du peu de savoirque je vous ai donné? Je ne m'en préoccupe pas.J'ai laissé ma bibliothèque entière à votre dispositionparce que je sais que s'il n'est pas de bons livres, iln'en est point de mauvais. Les ouvrages que vousavez parcourus ont-ils formé ou déformé votre jugement?Je m'en inquiète peu, parce que nul nepouvant savoir où se trouve le faux et où se cachele vrai, mes réflexions seraient probablement àl'envers de la raison.
—Généralement les livres m'ennuient, interrompitEusèbe; jusqu'à présent je n'ai lu que lesaventures d'un homme de mer nommé RobinsonCrusoé et celles de Télémaque, fils d'Ulysse.
—Tant mieux, reprit M. Martin; peut-être aussitant pis. J'aime mieux que vous vous soyez enthousiasmépour Robinson que pour Paul et Virginie ouFaublas. Mais il peut bien se faire que je raisonnemal, parce q