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LES CENT JOURS.

MÉMOIRESpour servir à l'histoire deLA VIE PRIVÉE, DU RETOUR, ET DU RÈGNE DE NAPOLÉON EN 1815.

Par M. le Baron FLEURY de CHABOULON,

     Officier de la Légion-d'Honneur, Chevalier de l'Ordre de la
     Réunion, Ex-Secrétaire de l'Empereur Napoléon et de son Cabinet,
     Maître des Requêtes en son Conseil d'État, etc.

Ingrata patria, ne ossa quidem habes. SCIPION.

TOME II.
À LONDRES, DE L'IMPRIMERIE DE C. ROWORTH.

1820

L'empereur reçut, à la même époque (1er mai), une nouvelle preuve du peude confiance que méritent les hommes, et de l'horrible facilité aveclaquelle ils sacrifient leurs devoirs et leurs sentimens aux calculs deleur cupidité ou de leur ambition.

De tous les ministres de Napoléon, le duc d'Otrante fut celui qui, lorsde son retour, lui prodigua le plus de protestations de dévouement et defidélité. «Et cette fidélité, s'il eût pu en douter, se serait trouvéegarantie par le mandat sous lequel il gémissait (M. Fouché) au moment oùle retour de Napoléon vint lui rendre la liberté et peut-être lavie[1]».

Cependant, quel ne fut point l'étonnement de l'Empereur, lorsque le ducde Vicence vint lui apprendre qu'un agent secret de M. de Metternichétait arrivé de Vienne à Paris, et paraissait avoir eu un entretienmystérieux avec M. Fouché!

L'Empereur, sur-le-champ, ordonna à M. Réal, préfet de police, de semettre à la recherche de cet émissaire; il fut arrêté, et déclara:qu'envoyé par une maison de banque de Vienne pour régler des comptesd'intérêts avec plusieurs banquiers de Paris, il avait été mandé par M.de Metternich, et que ce prince l'avait chargé d'une lettre pour leministre de la police de France; qu'il ignorait le contenu de cettelettre; qu'il savait qu'elle était écrite entre lignes avec de l'encresympathique, et que le prince lui avait remis une poudre pour faireressortir les caractères occultes; que M. le baron de Werner, agentdiplomatique, devait se trouver à Bâle le 1er mai, pour recevoir laréponse de M. le duc d'Otrante; qu'on lui avait donné un bordereausimulé qui devait servir de point de reconnaissance entre M. Werner etl'agent que pourrait envoyer le ministre français; enfin, qu'il avaitremis la lettre et le bordereau au duc d'Otrante, qui lui avait dit devaquer promptement à ses affaires, et de repartir pour Vienne le plustôt possible.

L'Empereur manda immédiatement M. Fouché, sous le prétexte del'entretenir d'affaires d'état.

M. Fouché garda le plus profond silence sur ce qui s'était passé avecl'envoyé de M. de Metternich, et ne laissa pénétrer aucun embarras,aucune inquiétude.

Le premier mouvement de Napoléon fut de faire saisir les papiers de soninfidèle ministre; mais il pensa qu'il était trop adroit et trop prudentpour conserver des traces de sa trahison; et il jugea qu'il seraitpréférable, pour apprendre la vérité, d'envoyer quelqu'un à Bâle qui seprésenterait à M. Werner de la part du duc. Napoléon attachait à cettemission la plus haute importance; il daigna jeter les yeux sur moi pourla remplir, et après m'avoir révélé la perfidie de cet infâme Fouché,il me dit: «Vous allez vous rendre à l'instant chez le duc de Vicence;il vous remettra des passeports

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