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Maximilien Robespierre (1758-1794),
Discours prononcé à l'Assemblée constituantele 21 octobre 1789 (21 octobre 1789)
Texte en français moderne par Albert Laponneraye
(Un boulanger avait été mis à mort par le peuple; la commune de Parisenvoya à l'assemblée nationale une députation pour lui rendre compte decet événement et pour demander qu'elle rendît une loi martiale etqu'elle s'occupât de pourvoir aux subsistances de la capitale. Barnavefit observer qu'une loi martiale ne serait pas suffisante, et proposade créer un tribunal ad hoc pour juger les crimes de lèse-nation. Lamotion de Barnave fut appuyée par plusieurs députés. Robespierre pritla parole en ces termes:)
Ne serait-il donc question dans cette discussion que d'un fait isolé,que d'une seule loi?… Si nous n'embrassons pas à la fois toutes lesmesures, c'en est fait de la liberté. Les députés de la commune vousont fait un récit affligeant; ils ont demandé du pain et des soldats.Ceux qui ont suivi la révolution, ont prévu le point où vous êtes: ilsont prévu que les subsistances manqueraient; qu'on vous montrerait aupeuple comme sa seule ressource: ils ont prévu que des situationsterribles engageraient à vous demander des mesures violentes, afind'immoler à la fois et vous et sa liberté. On demande du pain et dessoldats; c'est dire: le peuple attroupé veut du pain; donnez-nous dessoldats pour immoler le peuple. On vous dit que les soldais refusentdémarcher… Eh! peuvent-ils se jeter sur un peuple malheureux dont ilspartagent le malheur? Ce ne sont donc pas des mesures violentes qu'ilfaut prendre, mais des décrets sages pour découvrir la source de nosmaux, pour déconcerter la conspiration qui peut-être, dans le moment oùje parle, ne nous laisse plus d'autres ressources qu'un dévouementillustre. Il faut nommer un tribunal vraiment national.
Nous sommes tombés dans une grande erreur, en croyant que lesreprésentants de la nation ne peuvent juger les crimes commis envers lanation. Ces crimes, au contraire, ne peuvent être jugés que par lanation, ou par ses représentants, ou par des membres pris dans votresein. Qu'on ne parle pas de constitution quand tout se réunit pourl'écraser dans son berceau. Des mandements incendiaires sont publiés,les provinces s'agitent, les gouverneurs favorisent l'exportation surles frontières… Il faut entendre le comité des rapports; il fautentendre le comité des recherches, découvrir la conspiration, étoufferla conspiration Alors nous ferons une constitution digne de nous et dela nation qui l'attend.
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Maximilien Robespierre (1758-1794), Discours prononcé à l'Assembléeconstituante le 25 janvier 1790 (25 janvier 1790)
(Le commencement de la séance avait été consacré à divers travaux,entre autres à la lecture d'un rapport sur un secours demandé par laville de Valenciennes. Lorsque la tribune fut libre, Robespierre ymonta et s'exprima ainsi:)
Nous venons soumettre à votre délibération un objet infiniment plusintéressant pour plusieurs provinces du royaume… Il tient à laliberté générale… Il est d'une telle nature, que vous nous accuseriezd'une malversation odieuse, si nous ne soutenions pas avec force lacause qui nous est en ce moment confiée. Parmi les décrets qui fixentla quotité d'impositions nécessaires pour exercer les droits de citoyenactif, et pour être électeur et éligible, il en est qui ont donné lieuà une demande d'exp