Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées.L'orthographe d'origine a été conservée et n'a pas été harmonisée.Les numéros des pages blanches n'ont pas été repris.
PARIS.—IMPRIMERIE DE J. CLAYE
RUE SAINT-BENOIT, 7
MADAME
DE LONGUEVILLE
ÉTUDES
SUR LES FEMMES ILLUSTRES ET LA SOCIÉTÉ
DU XVIIe SIÈCLE
PAR
M. VICTOR COUSIN
QUATRIÈME ÉDITION
REVUE ET CORRIGÉE.
LA JEUNESSE
DE
MADAME DE LONGUEVILLE
PARIS
DIDIER ET Cie, LIBRAIRES-ÉDITEURS
QUAI DES AUGUSTINS, 35
1859
Réserve de tous droits.
Villefore a écrit la Vie de Mme de Longueville,et nous n'avons point songé à larefaire. Nous avons voulu seulement pénétrerdans l'intimité d'une âme d'élite, quinous inspire un intérêt particulier, à l'aidedes plus sincères documents que puisse employerl'histoire, les correspondances confidentielles,où les cœurs, en s'épanchant,loin de l'œil du public, révèlent involontairementles caractères, c'est-à-dire les causesles plus vraies des événements humains.Pour nous procurer de tels documents, nousavons fouillé, avec la persévérance de lapassion, dans les bibliothèques publiqueset privées, et nous avons fini par mettre lamain sur une foule de lettres inédites quinous ont éclairci bien des côtés obscurs de VIla vie de Mme de Longueville, de celle deCondé, son frère, de leurs contemporainset de leurs contemporaines les plus célèbres.
A défaut donc de tout autre mérite, cetécrit aura du moins celui d'offrir au lecteurdes choses jusqu'ici entièrement ignoréesou à peine entrevues: par exemple,l'intérieur, pour la première fois ouvert,de ce grand couvent des Carmélites de larue Saint-Jacques, qui servit d'asile à tantde cœurs blessés, où Mlle de Bourbon futcomme élevée et voulut à quinze ans ensevelirsa beauté et son esprit; les gracieuxpasse-temps de sa jeunesse au Louvre, àl'hôtel de Rambouillet, à Chantilly, à Ruel,à Liancourt; ses charmantes amies, ses brillantset vaillants adorateurs; la politiquehabile et trop peu appréciée de son père;l'éducation guerrière et aussi les premièresamours de Condé; surtout cette pure et touchanteMlle Du Vigean, digne objet des tendressesd'un héros, que nous avons en quelquesorte retrouvée, et que nous osonsmettre à côté de Mlle de La Vallière.
Il y a plus de quinze ans, dans nos heuresde loisir, nous avions rêvé l'ouvrage le plusétranger à nos travaux ordinaires, qui nousattirait et nous attachait par ce contraste...