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ANCIEN INGÉNIEUR EN CHEF
DES ÉTABLISSEMENTS FRANÇAIS DANS L'INDE
Traducteur de la Morale du Divin Pariah
Les principes sur le juste et l'injuste sont les mêmes en tout temps eten tout lieu, ils constituent la morale absolue; mais les principes surles moeurs varient avec les âges et les pays. Depuis la promiscuité sanslimites des tribus sauvages jusqu'à la prohibition absolue de l'oeuvrede chair en dehors du mariage, que de degrés divers dans la libertéaccordée aux rapports sexuels par l'opinion publique et par la loisociale et religieuse! A l'exception des Iraniens et des Juifs, toutel'antiquité a considéré l'acte charnel comme permis, toutes les foisqu'il ne blesse pas le droit d'autrui, comme par exemple le commerceavec une veuve ou toute autre femme complètement maîtresse de sapersonne. Toutefois la Chine, la Grèce et Rome ont honoré les vierges,et l'Inde les ascètes voués à la continence à titre de sacrifice.
Au point de vue de la raison seule et d'une conscience égoïste, latolérance des Indiens et des païens parait naturelle et la règle sévèredes Iraniens semble dictée par l'intérêt social ou politique; aussicette règle n'a-t-elle été imposée qu'au nom d'une révélation parZoroastre et par Moïse.
De là deux grandes divisions entre les peuples sous le rapport desmoeurs; chez les uns la monogamie est obligatoire, chez les autres lapolygamie est permise sous toutes les formes qu'elle peut revêtir, ycompris le concubinage et la fornication passagère. Dans l'antiquité ondoit, entre les peuples qui n'admettent pas de révélation, distinguersous le rapport des moeurs: d'une part, les Ariahs de l'Inde chezlesquels la religion et la superstition se mêlent intimement etactivement à tout ce qui concerne les moeurs, dans un intérêt politique,avec absence de génie artistique; et d'autre part, les Ariahsd'Occident, c'est-à-dire les Grecs et les Romains chez lesquels ce cultea été seulement la manifestation extérieure des moeurs, sans directionni action marquée sur elles, et où le génie artistique a tout idéaliséet tout dominé.
Ainsi le naturalisme des Brahmes, l'antiquité payenne et les principesde l'Iran ou d'Israël, dont a hérité le Christianisme, forment troissujets d'études de moeurs à rapprocher et à faire ressortir par leurscontrastes. La matière se trouve: pour le premier sujet, dans lesscholiastes et les poètes du brahmanisme; pour le second, dans lalittérature classique, principalement dans les poètes latins sous lesdouze Césars; pour le troisième, dans les auteurs modernes sur lesmoeurs, savants et théologiens. Ces auteurs sont universellement connuset il suffira d'en citer quelques extraits. Mais il est nécessaire dedonner, dans cette introduction, d'abord des renseignements sommairessur les Iraniens, puis des détails plus complets sur les Brahmes.
LES IRANIENS.—Il paraît établi que le Mazdéisme est postérieur auXIXe siècle avant Jésus-Christ, époque où commence l'ère védique, etantérieure