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[Transcriber's notes: Maximilien Robespierre (1758-1794), Dédicace auxmânes de Jean-Jacques Rousseau
Texte en français moderne par Albert Laponneraye d'après les Mémoiresauthentiques de Maximilien Robespierre (anonyme, 1830) quireproduisent en fac-simile le manuscrit original]
C'est à vous que je dédie cet écrit, mânes du citoyen de Genève! Ques'il est appelé à voir le jour, il se place sous l'égide du pluséloquent et du plus vertueux des hommes. Aujourd'hui plus que jamaisnous avons besoin d'éloquence et de vertu. Homme divin! tu m'as apprisà me connaître; bien jeune, tu m'as fait apprécier la dignité de manature, et réfléchir aux grands principes de l'ordre social. Le vieilédifice s'est écroulé; le portique d'un édifice nouveau s'est élevé surses décombres et, grâce à toi, j'y ai apporté ma pierre. Reçois doncmon hommage; tout faible qu'il est, il doit te plaire; je n'ai jamaisencensé les vivants.
Je t'ai vu dans tes derniers jours, et ce souvenir est pour moi lasource d'une joie orgueilleuse; j'ai contemplé tes traits augustes, j'yai vu l'empreinte des noirs chagrins auxquels t'avaient condamné lesinjustices des hommes. Dès lors j'ai compris toutes les peines d'unenoble vie qui se dévoue au culte de la vérité, elles ne m'ont paseffrayé. La confiance d'avoir voulu le bien de ses semblables est lesalaire de l'homme vertueux; vient ensuite la reconnaissance despeuples qui environne sa mémoire des honneurs que lui ont donnés sescontemporains. Comme toi, je voudrais acheter ces biens an prix d'unevie laborieuse, au prix même d'un trépas prématuré.
Appelé à jouer un rôle au milieu des plus grands évènements qui aientjamais agité le monde; assistant à l'agonie du despotisme et au réveilde la véritable souveraineté, près de voir éclater des orages amoncelésde toutes parts, et dont nulle intelligence humaine ne peut devinertous les résultats, je me dois à moi-même, je devrai bientôt à mesconcitoyens compte de mes pensées et de mes actes. Ton exemple est là,devant mes yeux. Tes admirables Confessions, cette émanation franche ethardie de l'âme la plus pure, iront à la postérité moins comme unmodèle d'art, que comme un prodige de vertu. Je veux suivre ta tracevénérée, dussé-je ne laisser qu'un nom dont les siècles à venir nes'informeront pas; heureux si, dans la périlleuse carrière qu'unerévolution inouïe vient d'ouvrir devant nous, je reste constammentfidèle aux inspirations que j'ai puisées dans tes écrits.
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[Transcriber's notes: Maximilien Robespierre (1758-1794), Cahier dedoléances des cordonniers mineurs de la ville d'Arras (mars 1789)
Mis en français moderne par J.-A. Paris]
Doléances du corps des cordonniers mineurs de la ville d'Arras
1° Les Cordonniers mineurs se plaignent de ce que le métier qui lesfait vivre avec tant de peine est encore exposé aux usurpations de tousceux qui veulent l'exercer contre les droits que leur assurent leurslettres patentes; de manière que la plupart d'entre eux sont réduits àla misère la plus profonde; il faudrait ou leur assurer du pain dequelque manière, ou du moins réprimer les entreprises de ceux quiviennent envahir le privilège qu'ils ont payé.
2° Une circonstance nouvelle, et qui est peut-être un fléau commun àtoute la France, ajoute encore au malheur de