PAR L'AUTEUR
DE
«AMITIÉ AMOUREUSE»
CINQUANTE-HUITIÈME ÉDITION
PARIS
CALMANN-LÉVY, ÉDITEURS
3, RUE AUBER, 3
—
1921
A MON BIEN CHER MAITRE ET AMI
SULLY PRUDHOMME
Ce livre est dédié.
H. L. N.
PREMIÈRE PARTIE I, II, III, IV, V |
DEUXIÈME PARTIE |
TROISIÈME PARTIE |
QUATRIÈME PARTIE |
CINQUIÈME PARTIE |
«Les nœuds les plus solidement faits
se dénouent d'eux-mêmes parce que la
corde s'use—tout s'en va, tout passe, l'eau
coule et le cœur oublie. C'est une grande
misère...»
GUSTAVE FLAUBERT
A M. JULES GOVERNEUR
3, rue Gay-Lussac, Paris.
«Mon ami,
»Je suis enfin installée et vous attends à Yerres, un de ces jours trèsprochains, demain, par exemple. Si vous prenez l'express de cinq heures,vous avez toute chance de faire le voyage avec Guillaume de Tanis, JeanBiroy, d'autres encore peut-être. Je vous invite tous ce même jour. Maisje compte particulièrement sur vous trois, mes chers fidèles. Nem'écrivez pas que ceci... que cela... vous retient à Paris. Le cher Abbésait bien que c'est le premier embarquement qui coûte à sa paresse.Tante Rose, d'ailleurs, me charge de vous dire qu'elle a fait prépareravec amour les chambres du Pavillon, et l'amour de tante Rose méritele voyage! L'Abbé trouvera à Montgeron la voiture des invalides etpourra, si par grand hasard il est seul, rêver tout à son aise audespotisme tendre de son amie
»MAGDA.»
Lorsque madame Leprince-Mirbel eut achevé d'écrire cette lettre, elle laglissa dans une enveloppe, et, rassemblant d'autres lettres éparses surson petit bureau, en relut avec soin les adresses.
—Voyons, n'en ai-je pas oublié? Jules Governeur, mon philosophe; JeanBiroy, mon peintre; Guillaume de Tanis, mon romancier; Savines, moncritique; d'Artigues, mon diplomate; Danaris et sa femme, celle-ci machère amie; Barjols, mon député; ils y sont bien tous. Bon. Maintenantdonnons ces lettres au docteur; il les jettera à la poste en allantporter ses dépêches.
Madame Leprince-Mirbel se leva. C'était une femme de trente-six ans, detournure élégante. Une grâce enveloppante émanait de tous ses gestes;elle possédait une allure aristocratique, un air «grande dame» qui nes'acquiert pas. D'une taille souple, fine, en harmonie avec des hanchesaux lignes du plus délicieux contour, elle avait aussi un pied mince etcambré, de belles mains, des mains pâles comme une hostie, aux doigtsspirituels, retroussés et longs, qui suggéraient