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SOUVENIRS ET CORRESPONDANCE TIRÉS DES PAPIERS DE MADAME RÉCAMIER

Je regarde comme une chose bonne en soi que vous soyez aimée et appréciée lorsque vous ne serez plus.

(Lettre de BALLANCHE, t. I, p. 312.)

DEUXIÈME ÉDITION
TOME SECOND
PARIS
MICHEL LÉVY FRÈRES, LIBRAIRES-ÉDITEURS

1860

LIVRE V

La mise à exécution des principes posés à Vérone par les souverainsalliés, relativement à l'Italie et surtout à l'Espagne, amena dans leconseil des ministres à Paris un dissentiment profond. Le duc Mathieu deMontmorency voulait que la déclaration de la France fût conforme à celledes autres puissances, et insistait sur le rappel immédiat de notreambassadeur à Madrid. M. de Villèle était d'avis d'appuyer, sans doute,par des remontrances énergiques les déclarations étrangères, mais ilentendait que M. de Lagarde, notre ministre, restât encore en Espagne.

Nous ne prétendons pas, au point de vue de la mémoire d'une femme,écrire l'histoire de la Restauration; mais on a beaucoup discuté lesmotifs de la sortie du ministère de M. de Montmorency, et de l'entrée deM. de Chateaubriand aux affaires, et l'on a très-diversement apprécié laconduite des trois personnes les plus directement intéressées dans ledébat. M. de Villèle a rencontré des apologistes ardents et exclusifs:nous ne saurions accepter des éloges qu'il a reçus, que ce qui ne peutlégitimement nuire aux deux amis de Mme Récamier, Mathieu de Montmorencyet M. de Chateaubriand.

L'antagonisme même de ces deux hommes d'État s'explique sans qu'on soitobligé d'avoir recours à des interprétations malicieuses ou subalternes.Il est très-certain que M. de Villèle ne voulait auprès de lui aucunhomme qu'une supériorité, de quelque espèce qu'elle fut, put rendreprépondérant. L'importance que donnaient à M. de Montmorency son rang,son nom, la considération qu'inspirait son caractère, lui fit d'abordombrage; toutefois, lorsque M. de Montmorency partit pour Vienne afind'y concerter l'action de la France avec celle des souverains alliés, iln'était nullement question de donner au ministre des finances laprésidence du conseil. C'est en Autriche seulement que M. de Montmorencyapprit cette marque éclatante de faveur accordée par le roi à M. deVillèle.

J'en trouve la preuve dans une lettre de M. de Montmorency à lavicomtesse sa femme, en date de Vienne du 15 septembre 1822.

Il s'exprime ainsi:

«Chère amie, hier et aujourd'hui se sont passés très-bien au milieu d'une horrible presse d'affaires et d'une audience de l'empereur Alexandre dont j'ai été fort content.

«Voilà donc la nouvelle positive de la présidence qui m'est apportée par le duc de Rauzan. J'ai fait bonne mine, surtout vis-à-vis des étrangers. Mais j'en suis peu content, sans tomber dans les exagérations auxquelles ma mère et d'autres se livreront.

«J'en écris en toute franchise à Villèle, à Sosthènes dont j'ai huit pages d'explications, et j'ai même placé quelques mots respectueux au roi. On se doit à s

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