NOTE DU TRANSCRIPTEUR.
Pour rendre la lecture plus abordable, nous avonséliminé les grands "s" et la confusion générée parl'ancien usage des u-v, et des i-j. Pour le reste,nous avons adhéré à l'orthographe, la ponctuationet l'accentuation (ou son absence) originales.
Où il est amplement traité de tout ce qui est du pays, desmoeurs & du naturel des Sauvages, de leur gouvernementde façons de faire, tant dedans leurs pays, qu'allans en voyages;De leur foy & croyances; De leurs conseils & guerres, &de quelque genre de tourmens ils font mourir leurs prisonniers.Comme ils se marient & eslevent leurs enfants; De leurs Medecins,& des remedes dont ils usent à leurs maladies: Deleurs danses & chansons; De la chasse, de la pesche, & desoyseaux & animaux terrestres & aquatiques qu'ils ont; Desrichesses du pays; Comme ils cultivent leurs terres, &accommodent leur Menestre. De leur deuil, pleurs & lamentations,& comme ils ensevelissent & enterrent leurs morts.
Avec un Dictionnaire de la langue Huronne, pour la commoditéde ceux qui ont à voyager dans le pays, & n'ontd'intelligence d'icelle langue.
Par F. Gabriel Sagard Theodat, Recollet de
S. François, de la Province de S. Denys en France.
Chez Denys Moreau, rue S. Jacques, à
la Salamandre d'Argent.
M. DC. XXXII.
Avec Privilege du Roy.
'EST à vous, ô Puissance& bonté infinie! à qui je m'adresse,& devantqui je me prosternela face contre terre, & les joues baignéesd'un ruisseau de larmes, quefluent sans cesse de mes deux yeux,par les ressentimens & amertumesde mon coeur vrayement navré, &à juste titre affligé, de voir tant depauvres ames Infideles & Barbarestousjours gisantes dans les espaissestenebres de leur infidelité. Voussçavez (ô mon Seigneur & monDieu) que nous avons porté nosvoeux depuis tant d'annees dans lanouvelle France, & fait nostre possiblepour retirer les ames de cetesprit tenebreux; mais le secoursnecessaire de l'ancienne nous amanqué, Seigneur, nos prieres &nos remonstrances ont de peu servy.Peut-estre, ô mon tres-douxJESUS, que l'Ange tutelaire quevous luy avez donné, a empeschéle secours que nous en esperionspour la nouvelle, coulans doucementdans le coeur & la pensee deceux qui avoient quelque affectionpour le bien du pays, que lestracas, les distractions & les diversperils qui fuyuent & sont annexezà la poursuitte d'un si grand bien,estoient souvent cause (aux amesfoibles dans la vertu) d'en remporterdes fruicts contraires à la vertu.Si cela est, faite ô mon Dieu, s'ilvous plaist, que l'Ange de la nouvelleFrance remporte la victoirecontre celuy de l'ancienne car bienque quelques uns en fassent malleur profit, beaucoup en pourronttirer de l'advantage assisté de cegrand Ange tutelaire, & principalementde vou