H. RIDER HAGGARD

JESS

ÉPISODE DE LA GUERRE DU TRANSVAAL

—1881—

ROMAN TRADUIT DE L'ANGLAIS AVEC L'AUTORISATION DE L'AUTEUR

PAR

Mme MARIE DRONSART

NOUVELLE ÉDITION


PARIS

LIBRAIRIE HACHETTE ET Cie

79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79
1914
Tous droits réservés.

CHAPITRE I

JOHN A UNE AVENTURE

La journée avait été très chaude, même pour leTransvaal, où l'on sait ce que peut être la chaleurjusqu'en automne, lorsque, l'été fini, les orages nereviennent plus que tous les huit ou quinze jours.Les lis bleus eux-mêmes inclinaient leurs fleurs enforme de trompette, écrasés par le souffle brûlantqui, depuis bien des heures, paraissait s'échapperd'un volcan. Sur les bords du large chemin quis'étendait indécis et faiblement tracé, à travers laplaine, bifurquait en embranchements et revenaità la ligne principale, l'herbe était complètementrecouverte d'une épaisse couche de poussière rouge.

Le vent tombait pourtant, ainsi qu'il fait toujoursau coucher du soleil; il ne se manifestait plus quepar de petits tourbillons, qui s'élevaient subitementsur la route, tournaient avec force sur eux-mêmeset soulevaient une grande colonne de poussière,haute de cinquante pieds ou plus, et se maintenantlongtemps suspendue dans l'atmosphère, avant dese désagréger lentement, pour retomber enfin surle sol.

A la suite d'un de ces tourbillons capricieux etinexplicables, un cavalier s'avançait sur le chemin.L'homme et le cheval étaient aussi poudreux etaussi las l'un que l'autre, car ils cheminaient parce siroco depuis quatre heures, sans s'être reposésun instant. Tout à coup, le tourbillon qui s'étaitapproché rapidement, s'arrêta, et la poussière,après avoir tourné plusieurs fois comme une toupieexpirante, s'affaissa lentement. Le cavalier s'arrêtaaussi et la regarda d'un air absorbé.

«C'est tout juste comme la vie d'un homme,Blesbok, dit-il à son cheval: venant on ne saitd'où, ni pourquoi, produisant une petite colonnede poussière sur la grande route du monde, puisdisparaissant et laissant la poussière retomber surle sol, pour être foulée aux pieds et oubliée.»

Notre personnage, robuste, bien bâti, plutôt laidque beau, malgré d'agréables yeux bleus et unejolie barbe roussâtre, taillée en pointe, paraissaitavoir dépassé la trentaine. Il rit un peu de sesréflexions sentencieuses, puis donna un léger coupde cravache à son cheval épuisé: «Avançons, Blesbok,reprit-il, ou nous n'arriverons jamais chez levieux Croft, ce soir. Par Jupiter! je crois en véritéque nous sommes au tournant», ajouta-t-il, en désignantde son fouet un petit sentier plein d'ornières,qui bifurquait de la grande route de Wakkerstroom,dans la direction d'une colline étrangement isolée,terminée au sommet par un large plateau et quisurgissait de la plaine onduleuse, à une distanced'environ quatre milles sur la droite. «Le vieuxBoer a dit: le second tournant, continua-t-il, separlant à lui-même, mais peut-être mentait-il?On m'a dit que plus d'un s'amusait volontiers àégarer un Anglais. Voyons! On m'a parlé d'une collineau sommet plat, située à une demi-heure environde la grande route; ceci répond au signalement;j'en cours la chance. Allons, Blesbok!» Et ilfit prendre à sa monture une sorte de petit trot àl'amble, qu'affectionnent particulièrement les chevauxde l'Afrique méridionale.

«La vie est une étrange chose, pensait le capitaineJohn Niel, en trottant doucement. Me voicià trente-quatre ans, sur le point de recommencer lamienne, en qualité d'associé d'un vieux fermier duTransvaal. C'est un joli dénouement à toutes mesambitions et à quatorze années de service d

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