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BIBLIOTHÈQUE FRANÇAISE.

ABRÉGÉ
DE
L'HISTOIRE GÉNÉRALE
DES VOYAGES;

Par J.-F. LAHARPE.

TOME CINQUIÈME.

Enseigne de l'éditeur.

PARIS,
MÉNARD ET DESENNE, FILS.
1825.

(p. 1) ABRÉGÉ DE L'HISTOIRE GÉNÉRALE DES VOYAGES.

SECONDE PARTIE.
ASIE.

LIVRE PREMIER.
ÎLES DE LA MER DES INDES.

CHAPITRE XI.

Voyages et Aventures de Mendez-Pinto, Portugais.

Nous croyons devoir placer ici cette relation très-attachante par lasingularité des événemens et l'intérêt des situations. Elle pourrareposer l'attention de nos lecteurs, que nous (p. 2) venons d'occuperde détails qui ne sont pas toujours amusans, s'ils sont toujoursinstructifs. Si, après avoir trouvé dans les derniers articles de quoiexercer leur raison et leur curiosité, ils désirent des objets faitspour intéresser leur sensibilité et leur imagination, ils pourront sesatisfaire en lisant les aventures de Pinto et celles de Bontékoë, quiles suivront. Les premières ont quelquefois un air fabuleux, et il estpermis sans doute de s'en défier, sans que cette espèce d'incréduliténuise au plaisir qu'on y peut prendre. Mais il faut observer aussi quetout ce qui paraît incroyable n'est pas toujours impossible: si danscertaines matières on a commencé à croire moins, à mesure qu'on s'estéclairé davantage, on peut dire aussi que, sur d'autres points, on estdevenu moins incrédule à mesure qu'on est devenu plus savant. C'estsurtout aux récits des voyageurs, à l'histoire des mœurs et à ladescription des objets lointains, que cette assertion peut êtreappliquée; et d'ailleurs elle est prouvée par une infinité d'exemples.

Comme dans le détail des événemens personne ne s'exprime avec plusd'intérêt que celui qui était acteur ou témoin, nous laisserons leplus souvent parler Pinto lui-même, et nous ne prendrons sa place quelorsqu'il faudra abréger son récit.

«J'avais éprouvé pendant dix ou douze ans, dit-il, la misère et lapauvreté dans la maison (p. 3) de mon père, lorsqu'un de mes oncles,formant quelque espérance de mes qualités naturelles, me conduisit àLisbonne, où il me mit au service d'une très-illustre maison. Ce futla même année que se fit la pompe funèbre de don Emmanuel, le 13décembre 1521, et je ne trouve rien de plus ancien dans ma mémoire.Cependant le succès répondit si mal aux intentions de mon oncle,qu'après un an et demi de service, je me trouvai engagé dans unemalheureuse aventure qui exposa ma vie au dernier danger. Je pris lafuite avec une si vive épouvante, qu'étant arrivé, sans aucun autredessein que d'éviter la mort, au gué de Pedra, petit port où jetrouvai une caravelle qui partait chargée de chevaux pour Setuval, jem'y embarquai le lendemain. Mais à peine fûmes-nous éloignés durivage, qu'un corsaire français nous ayant abordés, se rendit maîtrede notre bâtiment sans la moindre résistance, nous fit passer dans lesien avec toutes nos marchandises, qui montaient à plus de six milleducats, et coula notre caravelle à fond. Nous reconnûmes bientôt quenous étions destinés à la servitude, et que l'intention de nos maîtresétaient de nous aller vendre à Larache en Barbarie. Ils y portaientdes armes, dont

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