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Eugène Sue
ou
Victoria la mère des camps.
(1866)
Ce roman fait partie du tome III des Mystères du peupleoul'Histoire d'une famille de prolétaires à travers les âges
Table des matières
Moi, descendant de Joël, le brenn de la tribu de Karnak; moi,Scanvoch, redevenu libre par le courage de mon père Ralf etles vaillantes insurrections gauloises, armées de siècles ensiècle, j'écris ceci deux cent soixante-quatre ans après que monaïeule Geneviève, femme de Fergan, a vu mourir, en Judée, sur leCalvaire, Jésus de Nazareth.
J'écris ceci cent trente-quatre ans après que Gomer, fils deJudicaël et petit-fils de Fergan, esclave comme son père et songrand-père, écrivait à son fils Médérik qu'il n'avait à ajouterque le monotone récit de sa vie d'esclave à l'histoire de notrefamille.
Médérik, mon aïeul, n'a rien ajouté non plus à notre légende; sonfils Justin y avait fait seulement tracer ces mots par une mainétrangère:
«Mon père Médérik est mort esclave, combattant, comme Enfant duGui, pour la liberté de la Gaule. Moi, son fils Justin, colon dufisc, mais non plus esclave, j'ai fait consigner ceci sur lesparchemins de notre famille; je les transmettrai fidèlement à monfils Aurel, ainsi que la faucille d'or, la clochette d'airain,le morceau de collier de fer et la petite croix d'argent, quej'ai pu conserver.»
Aurel, fils de Justin, colon comme son père, n'a pas été pluslettré que lui; une main étrangère avait aussi tracé ces mots à lasuite de notre légende:
«Ralf, fils d'Aurel, le colon, s'est battu pour l'indépendance deson pays; Ralf, devenu tout à fait libre par la force des armesgauloises, a été aussi obligé de prier un ami de tracer ces motssur nos parchemins pour y constater la mort de son père Aurel. Monfils Scanvoch, plus heureux que moi, pourra, sans recourir à unemain étrangère, écrire dans nos récits de famille la date de mamort, à moi, Ralf, le premier homme de la descendance de Joël, lebrenn de la tribu Karnak, qui ait reconquis une entière liberté.»
Moi, donc, Scanvoch, fils d'Aurel, j'ai effacé de notre légende etrécit moi-même les lignes précédentes, jadis tracées par la maind'autrui, qui mentionnaient la mort et les noms des nos aïeux,Justin, Aurel, Ralf. Ces trois générations remontaient à Médérik,fils de Gomer, lequel était fils de Judicaël et petit-fils deFergan, dont la femme Geneviève a vu mettre à mort, en Judée,Jézus de Nazareth, il y a aujourd'hui deux cent soixante-quatreans.
Mon père Ralf m'a aussi remis nos saintes reliques à nous:
La petite faucille d'or de notre aïeule Hêna, la vierge del'île de Sên;
La clochette d'airain laissée par notre aïeul Guilhern, leseul survivant des nôtres à la grande bataille de Vannes; jourfuneste, duquel a daté l'asservissement de la Gaule par César, ily a aujourd'hui trois cent vingt ans;
Le collier de fer, signe de la cruelle servitude de notreaïeul Sylvest;
La petite croix d'argen BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!
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