JEHAN D’IVRAY

AU CŒUR
DU HAREM

PARIS
Société d’Édition et de Publications
Librairie Félix JUVEN
13, Rue de l’Odéon, 13

DU MÊME AUTEUR

  • Le prince Mourad.
  • Janua Cœli.
  • Les Porteuses de torches.

Pour paraître prochainement :

  • Daoulatte.
  • Le Moulin des Djinns.

En préparation :

  • La cité de joie.
  • Catherine Raimbaud.
  • Nos frères de Lettres (critiques).

Tous droits de reproduction et de traduction réservés pour tous pays.

Copyright by
Société d’Édition et de Publications, Paris, 1911.

A Monsieur G. Maspéro

A l’évocateur magnifique
de l’Égypte ancienne
je dédie cette étude
de l’Égypte moderne
en témoignage de haute estime
et de grande admiration

Jehan D’IVRAY

Au Cœur du Harem

I

J’ai ressenti ma première impression d’exil dans leport de Naples. J’ai souvent revu cette rade merveilleuse.Sous de brûlants midi de juillet, par de paisiblessoirs de mai, en octobre alors que sous le vélum d’unciel azuré, d’un ciel sans nuages, les arbres secouaientau vent du large leurs branches légères, alors que leparfum troublant des fleurs innombrables et l’odeurforte des algues marines passaient en effluves violentset délicieux… Ces jours-là, j’ai connu, sous ceciel et dans ce port, la douceur de vivre.

Mais à mon premier passage, après l’émouvanteanxiété du péril à peine évité, dans la surprise demon ignorance, mes dix-sept ans s’épouvantèrentdevant l’inconnu de cette ville, où nous abordions àla nuit noire et par une mer démontée.

Grandie à Cette, je ne craignais guère les ennuisphysiques de la traversée ; tangage et roulis n’étaientpoint pour surprendre celle dont les premiers plaisirsavaient été les dangereuses promenades en youyou,qu’elle ne dédaignait point de conduire.

Mais je n’avais jamais été plus loin que Marseilleet je n’avais non plus jamais essuyé de véritable tempête,sur un grand vaisseau, et par un gros temps.

Déjà, un accident de machine nous avait immobilisésquinze heures à La Ciotat. L’Ebre qui nousemportait était trop endommagé pour continuer saroute ; il fallut transborder sur le Peluse.

Ici se place le premier événement curieux parmile chapelet de mes souvenirs. Durant le temps qu’ondéchargeait les marchandises, nous avions pris la routedes champs, en ce pays que nous ignorions. Noussuivîmes un petit sentier fleuri d’aubépines et toutà coup, nous nous trouvâmes dans le cimetière deLa Ciotat.

Le soir tombait. Une brise légère passait sur nostêtes, charriant le parfum des premières fleurs duprintemps. Cher printemps de mon doux pays deFrance, que je n’ai plus revu, jamais…

Nous nous assîmes sur une pierre tombale, l’âmenoyée d’une tristesse infinie. Sur un mûrier, tout prèsde nous, le rossignol égrenait ses trilles, l’heure étaità la fois si profondément douce et si voluptueusementmélancolique, que je ne savais plus si j’étais heureuse,ou si je détestais la vie, dans ce champ de mort quisemblait un jardin de rêve.

Et voici qu’une chose extraordinaire se produis

...

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