Recueil de pièces volantes rares et curieuses
en prose et en vers
Revues et annotées
PAR
M. ÉDOUARD FOURNIER
Tome III
A PARIS
Chez P. Jannet, Libraire
MDCCCLV
Prince, le plus aimable et le plus grand des rois,
Nous venons implorer le secours de vos loix.
Tous les tendres amants vous adressent leurs plaintes:
Vous seul pouvez calmer nos soucys et nos craintes;
Par vous seul nostre sort peut devenir plus doux;
L'amour même ne peut nous rendre heureux sans vous.
La nuit, si favorable aux ames amoureuses,
A beau nous preparer ses faveurs precieuses,
Sans respecter ce dieu, les voleurs indiscrets[2]
Troublent impunement ses mystères secrets;
Chaque jour leur audace augmente davantage.
On ne va plus la nuit sans souffrir quelque outrage.
(p. 6) On trompe d'un jaloux les regards curieux,
Mais du filou caché l'on ne fuit point les yeux.
Comme on n'ose marcher sans avoir une escorte
On ne peut se glisser par une fausse porte,
Et, seul au rendez-vous si l'on veut se trouver,
On est deshabillé devant que d'arriver.
La nuit, dont le retour ramenoit les delices
Des paisibles moments à l'amour si propices,
Destinez seulement à ses tendres plaisirs,
Ne peut plus s'employer qu'à pousser des soupirs.
Les maris rassurez, les mères sans allarmes,
Dans un si grand desordre ont sceu trouver des charmes.
La nuit n'est plus à craindre à leurs esprits jaloux:
Ils donnent en repos sur la foy des filoux;
Ils aiment le peril qui nous tient en contrainte,
Et la frayeur publique a dissipé leur crainte.
O vous qui dans la paix faites couler nos jours,
Conservez dans la nuit le repos des amours!
Que du guet surveillant la nombreuse cohorte
Nous serve à l'avenir d'une fidelle escorte;
Qu'il sauve des voleurs tous les amants heureux,
Et souffre seulement les larcins amoureux;
Qu'il nous oste la crainte, et qu'en toute assurance
Nous goûtions les plaisirs à l'ombre du silence;
En faveur de l'amour finissez nostre ennuy
Vous n'avez pas sujet de vous plaindre de luy.
(p. 7) Ce dieu, don le pouvoir domine tous les autres,
En vous donnant ses loix semble avoir pris les vostres,
Et garde pour vous seul ce qu'il a de plus doux;
Il commande partout et n'obeit qu'à vous;
Il separe de vous l'eclat et les couronnes;
Il fait qu'on aime en vous vostre sainte personne:
Plaisir que rarement les rois peuvent goûter,
Et duquel toutefois vous ne pouvez douter.
1664. B. BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!
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