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LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT ET Cie.
Publication proposée à la Société le 23 avril 1884.
Approuvée par le Conseil le 25 février 1885, sur le rapportd'une commission composée de MM. Meyer, Paris et Raynaud
Commissaire responsable:M. P. MEYER.
Avec ce deuxième volume nous abordons la publication d'oeuvresimportantes formant de véritables poèmes. Façonné déjà par lacomposition de la plupart des petites pièces charmantes que nousconnaissons, le génie poétique de Christine va maintenant se donnerlibre carrière et s'élever d'un degré.
L'Épître au dieu d'amours paraît être le premier effort tenté parChristine pour réaliser ce progrès. Le sujet de ce poème étaitd'ailleurs bien fait pour inspirer celle qui a toujours eu à coeur ladéfense de son sexe, mais nulle part, peut-être, elle n'a répondu auxdétracteurs de la femme avec plus d'esprit et d'à propos. Parodiantspirituellement la forme des Lettres Royaux, Christine suppose commeentrée en matière une requête adressée au dieu d'amours par des damesde toutes conditions qui portent plainte contre les hommes déloyaux ettrompeurs [1].
Elle fait ensuite raconter par le dieu d'amours les stratagèmes queles mauvais chevaliers emploient habituellement pour parvenir à leursfins et les actions déshonnêtes de ces hommes pervertis qui se vantentde leurs méfaits jusque dans les tavernes, chez les grands de la cour,et même dans le palais du roi. Cupido se déclare naturellementl'ennemi des personnes qui médisent aussi insolemment des femmes, etréserve tous les plaisirs dont il est le dispensateur aux chevaliersloyaux qui observent fidèlement ses salutaires commandements. PuisChristine, entrant au coeur de son sujet, développe avec unremarquable talent toutes les raisons que l'on peut faire valoir enfaveur des femmes. C'est un véritable plaidoyer qu'elle entreprend; seposant en arbitre entre les détracteurs et les admirateurs exagérés dusexe féminin, elle se sert d'arguments empruntés plutôt à la simplelogique et au bon sens qu'aux textes si souvent cités et interprétéspar ses prédécesseurs; elle soutient la première une opinion moyenne,s'attachant surtout à faire remarquer que les femmes en général sontdouées de bonnes qualités et qu'il ne faut pas faire retomber surtoutes les égarements de quelques-unes. Cependant, entraînée parl'ardeur de la discussion, elle ne peu