MÉMOIRES
DE
VIDOCQ,
CHEF DE LA POLICE DE SURETÉ,
JUSQU'EN 1827,

AUJOURD'HUI PROPRIÉTAIRE ET FABRICANT DE PAPIER, A SAINT-MANDÉ.

Que l'on n'accuse pas ces pages d'être licencieuses, ce ne sont paslà ces récits de Pétrone, qui portent le feu dans l'imagination, etfont des prosélytes à l'impureté. Je décris les mauvaises mœurs,non pour les propager, mais pour les faire haïr. Qui pourrait nepas les prendre en horreur, puisqu'elles produisent le dernierdegré de l'abrutissement?

MÉMOIRES, tome III.

TOME TROISIÈME.



PARIS,
TENON, LIBRAIRE-ÉDITEUR,
RUE HAUTEFEUILLE, Nº 30.
1829.

TABLE

MÉMOIRES
DE
VIDOCQ.

CHAPITRE XXXII.

M. de Sartines et M. Lenoir.—Les filous avant la révolution.—Ledivertissement d'un lieutenant-général de police.—Jadis etaujourd'hui.—Les muets de l'abbé Sicard et les coupeurs debourse.—La mort de Cartouche.—Premiers voleurs agents de laPolice.—Les enrôlements volontaires et les bataillonscoloniaux.—Les bossus alignés et les boiteux mis au pas.—Lefameux Flambard et la belle Israélite.—Histoire d'un chauffeurdevenu mouchard; son avancement dans la garde nationaleparisienne.—On peut être patriote et grinchir.—Je donne uncroc-en-jambe à Gaffré.—Les meilleurs amis du monde.—Je meméfie.—Deux heures à Saint-Roch.—Je n'ai pas les yeux dans mapoche.—Le vieillard dans l'embarras.—Les dépouilles desfidèles.—Filou et mouchard, deux métiers de trop.—Le danger depasser devant un corps de garde.—Nouveau croc-en-jambe àGaffré.—Goupil me prend pour un dentiste.—Une attitude.

Je ne sais quelle espèce d'individus MM. de Sartines et Lenoiremployaient pour faire la police des voleurs, mais ce que je sais bien,c'est que sous leur administration les filous étaient privilégiés, etqu'il y en avait bon nombre dans Paris. Monsieur le lieutenant-généralse souciait peu de les réduire à l'inaction, ce n'était pas là sonaffaire; seulement il n'était pas fâché de les connaître, et de temps àautre, quand il les savait habiles, il les faisait servir à sondivertissement.

Un étranger de marque venait-il visiter la Capitale, vite M. lelieutenant-général mettait à ses trousses la fleur des filous, et unerécompense honnête était promise à celui d'entre eux qui serait assezadroit pour lui voler sa montre ou quelque autre bijou de grand prix.

Le vol consommé, M. le lieutenant-général en était aussitôt averti, etquand l'étranger se présentait pour réclamer, il était émerveillé; car àpeine avait-il signalé l'objet, que déjà il lui était rendu.

M. de Sartines, dont on a tant parlé et dont on parle tant encore à tortet à travers, ne s'y prenait pas autrement pour prouver que la police deFrance était la première police du monde. De même que ses prédécesseurs,il avait une singulière prédilection pour les filous, et tous ceux dontil avait une fois distingué l'adresse, étaient bien certains del'impunité. Souvent il leur portait des défis; il les mandait alors dansson cabinet, et lorsqu'ils étaient en sa présence, «Messieurs, leurdisait-il, il s'agit de soutenir l'honneur des filous de Paris; onprétend que vous ne ferez pas tel vol.....; la personne est su

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