collection des meilleurs auteurs anciens et modernes
Louis-Balthazar Néel
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voyage de chapelle et de bachaumont
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voyage de languedoc et de provence
par lefranc de pompignan
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voyage de paris à saint-cloud
par mer
et retour de saint-cloud à paris
par terre
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PARIS
LIBRAIRIE DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
PASSAGE MONTESQUIEU (RUE MONTESQUIEU)
Près le Palais-Royal
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1906
Tous droits réservés
de
CHAPELLE ET BACHAUMONT
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C'est en vers que je vous écris,
Messieurs les deux frères, nourris
Aussi bien que gens de la ville;
Aussi voit-on plus de perdrix
En dix jours chez vous, qu'en dis mille
Chez les plus friands de Paris.
Vous vous attendez à l'histoire
De ce qui nous est arrivé
Depuis que, par le long pavé
Qui conduit gui rives de Loire.
Nous partîmes pour aller boira
Les eaux, dont je me suis trouve
Assez mal pour vous faire croire
Que les destins ont réservé
Ma guérison et cette gloire
Au remède tant éprouvé.
Et par qui, de fraîche mémoire.
Un de nos amis s'est sauvé
Du bâton à pomme d'ivoire.
Vous ne serez pas frustrés de votre attente; et vous aurez, je vousassure, une assez bonne relation de nos aventures; car M. deBachaumont, qui m'a surpris comme j'en, commençais une mauvaise, avoulu que nous la fissions ensemble; et j'espère qu'avec l'aided'un si bon second, elle sera digne de vous être envoyée.
Chapelle.
Contre le serment solennel que nous avions fait, M. Chapelle et moi,d'être si fort unis dans le voyage, que toutes choses seraient encommun, il n'a pas laissé, par une distinction philosophique, deprétendre en pouvoir séparer ses pensées; et, croyant y gagner, ils'était caché de moi pour vous écrire. Je l'ai surpris sur le fait, etn'ai pu souffrir qu'il eût seul cet avantage. Ses vers m'ont paru d'unemanière si aisée, que, m'étant imaginé qu'il était bien facile d'enfaire de même,
Quoique malade et paresseux,
Je n'ai pu m'empêcher de mettre
Quelques-uns des miens avec eux.
Ainsi le reste de la lettre
Sera l'ouvrage de tous deux.
Bien que nous ne soyons pas tout à fait assurés de quelle façon vousavez traité notre absence, et si vous méritez le soin que nous prenonsde vous rendre ainsi compte de nos actions, nous ne laissons pasnéanmoins de vous envoyer le récit de tout ce qui s'est passé dans notrevoyage, si particulier, que vous en serez assurément satisfaits. Nous nevous ferons point souvenir de notre sortie de Paris, car vous en fûtestémoins; et peut-être même que vous trouvâtes étrange de ne voir sur nosvisages que des marques d'un médiocre chagrin. Il est vrai que nousreçûmes vos embrassements avec assez de fermeté, et nous parûmes sansdoute bien philosophes
Dans les assauts et les alarmes
Que donnent les derniers adieux;
Mais il fallut rendre les armes,
En quittant tout de bon ces lieux
Qui pour nous avaient tant de charmes.
Et ce fut lors qu