Charles Perrault

RIQUET A LA HOUPPE

20e Série




COLLECTION PICARD
BIBLIOTHÈQUE DES TOUT PETITS


Paris
Librairie d'Éducation Nationale
A. PICARD et KAAN, Éditeurs
11, rue Soufflot, 11.




RIQUET A LA HOUPPE

Il était une fois une reine quieut un fils si laid et si mal fait,qu'on douta longtemps s'ilavait forme humaine. Une féeassistait à sa naissance, elleassura qu'il aurait beaucoupd'esprit: elle ajouta même qu'ilpourrait, en vertu du donqu'elle venait de lui faire,donner autant d'esprit qu'il enaurait à la personne qu'il aimeraitle mieux.

Tout cela consola un peu lapauvre reine, affligée d'avoirmis au monde un si vilain marmot.Il est vrai que cet enfantne commença pas plus tôt àparler qu'il dit mille jolieschoses, et qu'il avait danstoutes ses actions je ne saisquoi de si spirituel, qu'on enétait charmé. J'oubliais dedire qu'il vint au monde avecune petite houppe de cheveuxsur la tête, ce qui fit qu'on lenomma Riquet à la Houppe.

Au bout de sept ou huit ans,la reine d'un royaume voisindevint mère de deux filles. Lapremière qui vint au mondeétait plus belle que le jour;la reine en fut si aise qu'ellefaillit être malade de joie. Lamême fée qui avait assisté à lanaissance du petit Riquet à laHouppe était présente, et,pour modérer l'allégresse dela reine, elle lui déclara quecette petite princesse n'auraitpoint d'esprit, et qu'elle seraitaussi stupide qu'elle étaitbelle. Cela mortifia beaucoupla reine; mais elle eut, quelquesmoments après, un bienplus grand chagrin; car la secondefille qui vint au mondese trouva extrêmement laide.«Ne vous affligez point tant,madame, lui dit la fée, votrefille sera récompensée d'ailleurs,et elle aura tant d'espritqu'on ne s'apercevra presquepas qu'il lui manque de labeauté. Dieu le veuille! réponditla reine; mais n'y aurait-ilpoint moyen de faire avoir unpeu d'esprit à l'aînée, qui estsi belle?—Je ne puis rienpour elle, madame, du côté del'esprit, lui dit la fée; mais jepuis tout, du côté de la beauté;et, comme il n'y a rien que jene veuille faire pour votresatisfaction, je vais lui donnerpour don de pouvoir rendrebeau ou belle la personne quilui plaira.»

A mesure que ces deux princessesdevinrent grandes, leursperfections crurent aussi avecelles, et on ne parlait partoutque de la beauté de l'aînée etde l'esprit de la cadette. Il estvrai que leurs défauts augmentèrentbeaucoup avec l'âge. Lacadette enlaidissait à vue d'oeil,et l'aînée devenait plus stupidede jour en jour.

Quoique la beauté soit ungrand avantage, la cadettel'emportait presque toujourssur son aînée, dans toutes lescompagnies. D'abord on allaitdu côté de la plus belle, pourla voir et pour l'admirer; maisbientôt après on allait à cellequi avait le plus d'esprit, pourlui entendre dire mille chosesagréables.

L'aînée, quoique fort stupide,le remarqua; et elle eûtdonné sans regret toute sabeauté pour avoir la moitiéde l'esprit de sa soeur. La reinene put s'empêcher de lui reprocherplusieurs fois sa bêtise:ce qui pensa faire mourirde douleur cette pauvreprincesse.

Un jour qu'elle s'était retiréedans un bois pour s'y plaindrede son malheur, elle vit venirà elle un petit homme fort laidet fort désagréable, mais vêtutrès magnifiquement. C'étaitle jeune prince Riquet à laHouppe, qui, ay

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