MÉMOIRES
D'OUTRE-TOMBE

TOME III

ÉPISODE MILITAIRE.

CHATEAUBRIAND

MÉMOIRES
D'OUTRE-TOMBE

NOUVELLE ÉDITION
Avec une Introduction, des Notes et des Appendices

PAR
Edmond BIRÉ

TOME III

PARIS
LIBRAIRIE GARNIER FRÈRES
6, RUE DES SAINTS-PÈRES, 6

(p. 1) MÉMOIRES

LIVRE V[1]

Années 1807, 1808, 1809 et 1810. — Article du Mercure du mois de juillet 1807. — J'achète la Vallée-aux-Loups et je m'y retire. — Les Martyrs. — Armand de Chateaubriand. — Années 1811, 1812, 1813, 1814. — Publication de l'Itinéraire. — Lettre du cardinal de Bausset. — Mort de Chénier. — Je suis reçu membre de l'Institut. — Affaire de mon discours. — Prix décennaux. — L'Essai sur les Révolutions. — Les Natchez.

Madame de Chateaubriand avait été très malade pendant mon voyage;plusieurs fois mes amis m'avaient cru perdu. Dans quelques notes queM. de Clausel a écrites pour ses enfants et qu'il a bien voulu mepermettre de parcourir, je trouve ce passage:

«M. de Chateaubriand partit pour le voyage de Jérusalem au moisde juillet 1806: pendant son absence j'allais tous les jours chezMadame de Chateaubriand. Notre voyageur me fit l'amitié de m'écrireune lettre en plusieurs pages, de Constantinople, que vous trouverezdans le tiroir de notre bibliothèque, à Coussergues. Pendant l'hiverde 1806 à 1807, nous savions que M. de Chateaubriand était en merpour revenir en Europe; un jour, j'étais à (p. 2) me promener dansle jardin des Tuileries avec M. de Fontanes par un vent d'ouestaffreux; nous étions à l'abri de la terrasse du bord de l'eau. M.de Fontanes me dit:—Peut-être, dans ce moment-ci, un coup de cettehorrible tempête va le faire naufrager. Nous avons su depuis que cepressentiment faillit se réaliser. Je note ceci pour exprimer la viveamitié, l'intérêt pour la gloire littéraire de M. de Chateaubriand,qui devait s'accroître par ce voyage; les nobles, les profonds etrares sentiments qui animaient M. de Fontanes, homme excellent dontj'ai reçu aussi de grands services, et dont je vous recommande devous souvenir devant Dieu.»

Si je devais vivre et si je pouvais faire vivre dans mes ouvrages lespersonnes qui me sont chères, avec quel plaisir j'emmènerais avec moitous mes amis!

Plein d'espérance, je rapportai sous mon toit ma poignée de glanes;mon repos ne fut pas de longue durée.

Par une suite d'arrangements, j'étais devenu seul propriétaire duMercure[2]. M. Alexandre de Laborde publia, vers la fin du mois dejuin 1807, son voyage en Espagne; au mois de juillet, je fis dansle Mercure l'article dont j'ai cité des passages en parlant de lamort du duc d'Enghien: Lorsque dans le silence de l'abjection,etc. Les prospérités de Bonaparte, loin de me soumettre, m'avaientrévolté; j'avais pris une énergie nouvelle dans mes sentiments etdans les tempêtes. Je ne portais pas en vain un visage brûlé parle (p. 3

...

BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!


Sitemize Üyelik ÜCRETSİZDİR!