A l'heure où s'ouvre notre récit, c'est-à-dire dans la soirée du 15janvier 1822, un mouvement inaccoutumé régnait dans la rue Bonnefoi, oùs'élèvent les bâtiments du Palais de Justice, à Toulon. Une foulecompacte se pressait aux portes du tribunal, contenue par un fortdétachement de gendarmes qui, le sabre au poing, repoussaient lescurieux trop impatients.
La ville de Toulon et le département du Var étaient sous le coupd'émotions à la fois graves et pénibles qui se traduisaient par uneagitation toujours grandissante et dont l'accroissement pouvait fournirmatière aux inquiétudes des gouvernants.
Ce qu'attendaient les nombreux habitants groupés autour du Palais deJustice, c'était un arrêt auquel était suspendue la vie d'un homme.
Il s'agissait d'une conspiration. On sait que l'année 1822 futparticulièrement féconde en tentatives de révoltes, dont le but avouéétait de renverser les Bourbons, encore mal assis sur leur trône.
On voyait surgir soudainement à l'est, à l'ouest, au nord, au sud, deshommes qui, sans pâlir devant le danger, affirmaient hautement leur foipolitique, jusque sur les échafauds dressés à la hâte. C'était Caron,c'étaient les sergents de La Rochelle.
Les mouveme