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COURS FAMILIER
DE
LITTÉRATURE

UN ENTRETIEN PAR MOIS

PAR
M. A. DE LAMARTINE

TOME SEPTIÈME

PARIS
ON S'ABONNE CHEZ L'AUTEUR,
RUE DE LA VILLE-L'ÉVÊQUE, 43.

1859

L'auteur se réserve le droit de traduction et de reproduction àl'étranger.

COURS FAMILIER
DE
LITTÉRATURE

REVUE MENSUELLE.

VII

Paris.—Typographie de Firmin Didot frères, fils et Cie, rue Jacob, 56.

(p. 5) XXXVIIe ENTRETIEN

LA LITTÉRATURE DES SENS
LA PEINTURE
LÉOPOLD ROBERT.
(2e PARTIE)

I

Nous avons dit, en finissant le dernier Entretien, qu'il y avait un amourd'abord innocent, puis imprudent, puis mortel, mais toujours inspirateur,dans le génie de Léopold Robert, et que le secret de ses tableaux étaitdans son âme. Racontons ce qu'on sait de ce (p. 6) mystère; cela nousaidera à comprendre le prodigieux effet des peintures de ce jeune homme,dès qu'elles parurent aux regards du public. Il en sortit comme une flamme,parce qu'il avait délayé ses couleurs sur sa palette avec des larmes etavec du feu. Telle inspiration, tel effet; voilà le secret de l'impressionqu'on produit dans tous les arts, soit avec la parole écrite, soit avec lesnotes, soit avec le pinceau; car l'art, au fond, ne vous y trompez pas, cen'est que la nature.

II

En ce temps-là vivaient, tantôt à Florence, tantôt à Rome, tantôt enSuisse, au bord du lac de Constance, des familles exilées, dont lesprodigieuses vicissitudes d'élévation et de chute seront l'étonnement del'histoire. Elles étaient alors le spectacle de l'Italie: c'étaient desbranches de la famille des Bonaparte. Plusieurs de ces branches, détachéesdu tronc par l'exil de Napoléon à Sainte-Hélène, s'étaient réfugiées enItalie, terre des ruines et patrie de leurs ancêtres. C'était d'abord lamère de (p. 7) Napoléon, Hécube de cette race, vivant à l'ombre, avec sesorgueils et ses mémoires d'aïeule, dans le palais du cardinal son frère.C'était Lucien Bonaparte, dont le nom répondait autant à la République qu'àl'Empire, caractère à deux aspects des hommes de deux dates, la Républiqueet l'Empire. Il avait dédaigné un trône offert au prix de la répudiationd'une épouse de son choix; il élevait une belle et nombreuse famille defils et de filles qui portent tous, dans un coin de leur nature, le sceaud'une étrange puissance d'originalité et de volonté. Parent de la femme deLucien par ma mère, j'ai eu moi-même l'occasion de connaître cette femme,que son mari avait préférée à un sceptre. Ceux de ses enfants que j'aiconnus par elle avaient une empreinte de son énergie: Romains, Corses,Toscans, natures granitiques.

III

C'était ensuite Louis Bonaparte, roi volontairement descendu du trône deHollande, homme né pour être le contraste avec le chef (p. 8) de samaison, fait pour la vie privée, ambitieux de repos, de mérite littéraire,et non de puissance. Je l'ai connu mystérieusement à Florence, pendantplusieurs années, sans que le public soupçonnât nos rapports, que lesconvenances politiques de ma situation m'empêchaient d'ébruiter. Jen'allais jamais dans son palais; il venait chez moi, la nuit, dans unevoiture sans armoirie, suivi d'un seu

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