SPECIMEN IDENTIQUE D'UNE DES PELLICULES DE DEPÊCHES PORTÉES A PARIS PARPIGEONS VOYAGEURS
PHOTOGRAPHIÉES
Seul photographe du Gouvernement pour toutes les dépêchesofficielles et privées sur pellicule
EMPORTANT M. DAGRON ET SES COLLABORATEURS
et
Détails sur la mission qu'ils avaient à remplir
Le ballon le Niepce partit de Paris, le 12 novembre 1870, à neufheures du matin, monté par:
MM. Dagron, photographe;
Fernique, ingénieur des arts et manufactures;
Poisot, artiste peintre, gendre de M. Dagron;
Gnocchi, préparateur de M. Dagron;
Pagano, marin, élève aéronaute;
puis environ six cents kilogrammes d'appareils appartenant à M. Dagron.
Le ballon le Daguerre partait en même temps que le Niepce, emportanttrois voyageurs, la correspondance postale, des pigeons et le complémentdes appareils de M. Dagron.
M. Dagron et M. Fernique étaient envoyés par M. Rampont, directeurgénéral des Postes, avec l'approbation de M. Picard, ministre desfinances, pour établir en province un service de dépêchesphotomicroscopiques que l'on devait envoyer à Paris au moyen de pigeonsvoyageurs. Ce service était réglé par un décret du 10 novembre 1870, etdevait être installé à Clermont-Ferrand. M. Fernique devait, outre sacollaboration aux travaux de M. Dagron, apporter tous ses soins àl'organisation du service par pigeons, et mettre aussi en œuvre unsystème de correspondance fluviale que la délégation ne voulut paspratiquer.
Au départ des deux ballons, le vent portait en plein est. Nous partîmesnéanmoins accompagnés des vifs témoignages de sympathie d'un grandnombre de personnes venues pour assister à notre départ, la réussite decette expédition postale devant apaiser tant de justes inquiétudes dansParis.
Arrivé au-dessus des lignes prussiennes, le Niepce fut, ainsi que soncompagnon de route, le Daguerre, accueilli par une vive fusillade. Aune hauteur de huit cents mètres les balles sifflaient autour de nous.Le Daguerre fut atteint, et nous le vîmes, le cœur serré, descendrevertigineusement et tomber sur le mur d'une ferme à quelques lieues deParis; nous savons maintenant que c'était près de Ferrières.
Un fait dont les conséquences eussent pu être terribles pour nous, etqui dut être la cause de la perte du Daguerre, c'est que les sacs delest étaient faits en toile de coton avariée, d'une force insuffisante.Le spectacle du Daguerre percé de balles, et capturé par des cavaliersennemis que nous vîmes accourir, nous fit sentir la nécessité de hâternotre ascension pour échapper au même sort; mais les sacs de lest serompaient. Il fallut pendant tout le temps du voyage ramasser le sabledans une assiette, et le jeter ainsi par petite fraction hors de lanacelle.
Vers une heure et demie de l'après-midi nous étions parvenus à unehauteur de quinze cents mètres. Il nous restait à peine la valeur dedeux sacs de lest, et dans l'ignorance où nous étions de la présence oude l'absence des Prussiens, il fut décidé que la des