Le lundi 21 juin 1685 se leva très sombre, avec un vent violent, desnuages noirs se mouvaient lourdement dans le ciel, et une pluie fine,continuelle, tombait.
Néanmoins, quelques instants après l'aube, les clairons de Monmouth sefirent entendre dans tous les quartiers de la ville, depuis le pont surla Tone jusqu'à Shuttern.
À l'heure dite, les régiments se rassemblèrent.
L'appel fut fait et l'avant-garde traversa d'un pas alerte la porte del'Est.
On sortit dans le même ordre que lors de l'entrée, notre régiment et lesbourgeois de Taunton formant l'arrière-garde.
Le maire Timewell et Saxon s'étaient partagé l'organisation de cettepartie de l'armée, et comme c'étaient des gens qui avaient longtempsservi, ils placèrent l'artillerie dans une situation moins exposée etpostèrent une forte troupe de cavalerie à l'arrière, à une portée decanon, pour faire face à toute attaque des dragons du Roi.
On fut unanime à constater que l'armée avait fait de grands progrès aupoint de vue de l'ordre et de la discipline pendant notre halte de troisjours, grâce sans doute à la peine, que nous avions prise pour l'exercersans relâche, et à notre attitude militaire.
En rangs solides, serrés, les hommes allaient, faisant jaillir la boueliquide ou épaisse, tout en échangeant de rudes plaisanteriescampagnardes ou en chantant un couplet entraînant d'une chanson ou d'unhymne.
Sir Gervas chevauchait en tête de ses mousquetaires, dont les queuesenfarinées pendaient molles et moites, et toutes dégoûtantes d'eau.
Les piquiers de Lockarby et ma compagnie de faucheurs étaient pour laplupart des travailleurs des champs, endurcis à toutes les intempéries,et ils marchaient patiemment, les gouttes de pluie coulant sur leursfaces hâlées.
En avant se trouvait l'infanterie de Taunton, en arrière la fileencombrante des chariots à bagages, que suivait la cavalerie.
Ce fut ainsi que la longue ligne se déroula par-dessus les hauteurs.
Quand on fut arrivé au sommet, où la route commence à descendre surl'autre versant, on commanda une halte pour permettre aux régiments dese serrer et nous jetâmes un coup d'œil en arrière sur cette jolieville qu'un si grand nombre d