Au lecteur

MISS AUSTEN

PERSUASION

ROMAN TRADUIT DE L'ANGLAIS

PAR

Mme LETORSAY



PARIS

LIBRAIRIE HACHETTE ET Cie

79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79


1882

TABLE DES CHAPITRES

CHAPITRE PREMIER

Sir Walter Elliot, de Kellynch-Hall, dans le comté de Somerset, n'avaitjamais touché un livre pour son propre amusement, si ce n'est le livrehéraldique.

Là il trouvait de l'occupation dans les heures de désœuvrement, et dela consolation dans les heures de chagrin. Devant ces vieux parchemins,il éprouvait un sentiment de respect et d'admiration. Là, toutes lessensations désagréables provenant des affaires domestiques sechangeaient en pitié et en mépris. Quand il feuilletait les innombrablestitres créés dans le siècle dernier, si chaque feuille lui étaitindifférente, une seule avait constamment pour 2 lui le même intérêt,c'était la page où le volume favori s'ouvrait toujours:

Famille Elliot, de Kellynch-Hall:

Walter Elliot, né le 1er mars 1760; épousa, le 15 juillet 1784,

Élisabeth, fille de Jacques Stevenson, esquire de South-Park, comtéde Glocester, laquelle mourut en 1800. Il en eut:

Élisabeth, née le 1er juin 1785,

Anna, née le 9 aoust 1787,

Un fils mort-né le 5 novembre 1789,

et Marie, née le 20 novembre 1791.

Tel était le paragraphe sorti des mains de l'imprimeur; mais Sir Waltery avait ajouté pour sa propre instruction, et pour celle de sa famille,à la suite de la date de naissance de Marie:

«Mariée le 16 décembre 1810 à Charles Musgrove, esquire d'Uppercross,comté de Somerset.»

Puis venait l'histoire de l'ancienne et respectable famille: le premierde ses membres s'établissant dans Cheshire, exerçant la fonction de hautshérif; représentant un bourg dans trois parlements successifs, et créébaronnet dans la première année du règne de Charles II. Le livrementionnait aussi les femmes; le tout formant deux pages in-folio,accompagné 3 des armoiries et terminé par l'indication suivante:«Résidence principale: Kellynch-Hall, comté de Somerset.»

Puis, de la main de Sir Walter:

«Héritier présomptif: William Walter Elliot, esquire,arrière-petit-fils du second Sir Walter.»

La vanité était le commencement et la fin du caractère de Sir Elliot:vanité personnelle, et vanité de rang.

Il avait été remarquablement beau dans sa jeunesse, et àcinquante-quatre ans, étant très bien conservé, il avait plus deprétentions à la beauté que bien des femmes, et il était plus satisfaitde sa place dans la société que le valet d'un lord de fraîche date. Ases yeux, la beauté n'était inférieure qu'à la noblesse, et le SirWalter Elliot, qui réunissait tous ces dons, était l'objet constant deson propre respect et de sa vénération.

Il dut à sa belle figure et à sa noblesse d'épouser une femme trèssupérieure à lui. Lady Elliot avait été une excellente femme, sensée etaimable, dont le jugement et la raison ne la trompèrent jamais, si cen'est en s'éprenant de Sir Walter.

Elle supporta, cacha ou déguisa ses défauts, et pendant dix-sept ans lefit respecter. Elle

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