CHEZ LES MÊMES ÉDITEURS:
MÉMOIRES pour servir à l'histoire de mon temps, par M. Guizot.--2eédition. Tomes I à V. 5 vol.
L'ÉGLISE ET LA SOCIÉTÉ CHRÉTIENNES en 1861, par M. Guizot.3e édition. 1 vol.
TROIS ROIS, TROIS PEUPLES ET TROIS SIÈCLES, par M. Guizot.(sous presse). 1 vol.
WILLIAM PITT ET SON TEMPS, par lord Stanhope, traduction précédéed'une introduction par M. Guizot. 4 vol.
HISTOIRE DE LA FONDATION DE LA RÉPUBLIQUE DES PROVINCES-UNIES,par J. Lothrop Motley, traduction nouvelle, précédéed'une grande introduction,--l'Espagne et les Pays-Bas aux xvie etxixe siècles, par M. Guizot.--4 vol.
LA CHINE ET LE JAPON: mission du comte d'Elgin pendant les années1857, 1858 et 1859; racontée par Laurence Oliphant. Traduction nouvelle,précédée d'une introduction par M. Guizot. 2 vol.
PARIS.--IMPRIMÉ CHEZ BONAVENTURE ET DUCESSOIS,
55, QUAI DES AUGUSTINS.
Complément des Mémoires pour servir à l'Histoire de mon Temps.
PARLEMENTAIRE
PARIS
MICHEL LÉVY FRÈRES, LIBRAIRES ÉDITEURS
RUE VIVIENNE, 2 BIS, ET BOULEVARD DES ITALIENS, 15
A LA LIBRAIRIE NOUVELLE
Les amis de la liberté politique sont tristes,et les raisons ne manquent pas à leur tristesse.Peut-être m'est-il permis de dire que j'aurais,plus que personne, quelque droit de m'y abandonner.Je suis tombé avec les institutions etle régime que nous regardions comme le témoignageet le gage de la liberté politique. Maisen trouvant la tristesse légitime, je la trouveexcessive et injuste envers notre temps et notrepatrie. Je ne crois pas que la France ait renoncéà aucune de ses généreuses ambitions, ni qu'elleait perdu tout moyen de les satisfaire. J'ai confiancedans l'avenir de mon pays et de la libertépolitique dans mon pays.
Je ne me fais point d'illusion. Parmi les amisde la liberté politique, beaucoup sont découragés,et ne recommenceraient pas volontiers des effortset des luttes dont ils n'espèrent plus la victoire.D'autres ont reporté sur le régime impérialleurs espérances, et s'en promettent, dans l'avenir,les satisfactions libérales qu'ils croientnécessaires ou possibles. Le public assiste, avecune indifférence sceptique, aux regrets languissantsdes uns et aux lointaines espérances desautres, uniquement préoccupé des intérêts dela vie civile et de son repos après tant d'orages.
A cet état des partis et des esprits se joignentdeux idées qui ne sont pas nouvelles, mais qu'ontravaille plus activement que jamais à accréditer.On dit qu'après tout, c'est la Révolution française,ce sont ses principes et ses intérêts générauxqui triomphent aujourd'hui, et que ce triomphe importebien plus à la France que celui de la libertépolitique. On ajoute que, si la liberté souffre,l'égalité ne souffre point, et qu'entre les conquêtesde la Révolution, la France tient bien plus àl'égalité qu'à la liberté.
Je crois ces deux idées radicalement fausses etfunestes. Je crois