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Homère
LILIADE
Traduction Charles-René-Marie Leconte de L'Isle
Table des matières
Chants
Chant 1
Chant 2
Chant 3
Chant 4
Chant 5
Chant 6
Chant 7
Chant 8
Chant 9
Chant 10
Chant 11
Chant 12
Chant 13
Chant 14
Chant 15
Chant 16
Chant 17
Chant 18
Chant 19
Chant 20
Chant 21
Chant 22
Chant 23
Chant 24
Chant 1
Chante, déesse, du Pèlèiade Akhilleus la colère désastreuse, quide maux infinis accabla les Akhaiens, et précipita chez Aidès tantde fortes âmes de héros, livrés eux-mêmes en pâture aux chiens età tous les oiseaux carnassiers. Et le dessein de Zeuss'accomplissait ainsi, depuis qu'une querelle avait divisél'Atréide, roi des hommes, et le divin Akhilleus.
Qui d'entre les dieux les jeta dans cette dissension? Le fils deZeus et de Lètô. Irrité contre le roi, il suscita dans l'armée unmal mortel, et les peuples périssaient, parce que l'Atréide avaitcouvert d'opprobre Khrysès le sacrificateur.
Et celui-ci était venu vers les nefs rapides des Akhaiens pourracheter sa fille; et, portant le prix infini del'affranchissement, et, dans ses mains, les bandelettes del'Archer Apollôn, suspendues au sceptre d'or, il conjura tous lesAkhaiens, et surtout les deux Atréides, princes des peuples:
— Atréides, et vous, anciens aux belles knèmides, que les dieuxqui habitent les demeures olympiennes vous donnent de détruire laville de Priamos et de vous retourner heureusement; mais rendez-moi ma fille bien-aimée et recevez le prix de l'affranchissement,si vous révérez le fils de Zeus, l'archer Apollôn.
Et tous les Akhaiens, par des rumeurs favorables, voulaient qu'onrespectât le sacrificateur et qu'on reçût le prix splendide; maiscela ne plut point à l'âme de l'Atréide Agamemnôn, et il le chassaoutrageusement, et il lui dit cette parole violente:
— Prends garde, vieillard, que je te rencontre auprès des nefscreuses, soit que tu t'y attardes, soit que tu reviennes, de peurque le sceptre et les bandelettes du dieu ne te protègent plus. Jen'affranchirai point ta fille. La vieillesse l'atteindra, en mademeure, dans Argos, loin de sa patrie, tissant la toile etpartageant mon lit. Mais, va! ne m'irrite point, afin de t'enretourner sauf.
Il parla ainsi, et le vieillard trembla et obéit. Et il allait,silencieux, le long du rivage de la mer aux bruits sans nombre.Et, se voyant éloigné, il conjura le roi Apollôn que Lètô à labelle chevelure enfanta:
— Entends-moi, porteur de l'arc d'argent, qui protèges Khrysè etKilla la sainte, et commandes fortement sur Ténédos, Smintheus! Sijamais j'ai orné ton beau temple, si jamais j'ai brûlé pour toiles cuisses grasses des taureaux et des chèvres, exauce mon voeu:que les Danaens expient mes larmes sous tes flèches!
Il parla ainsi en priant, et Phoibos Apollôn l'entendit; et, dusommet Olympien, il se précipita, irrité dans son coeur, portantl'arc sur ses épaules, avec le plein carquois. Et les flèchessonnaient sur le dos du dieu irrité, à chacun de ses mouvements.Et il allait, semblable à la nuit.
Assis à l'écart, loin des nefs, il lança une flèche, et un bruitterrible sortit de l'arc d'argent. Il frappa les mulets d'abord etles chiens rapides; mais, ensuite, il perça les hommes eux-mêmesdu trait qui tue. Et sans cesse les bûchers brûlaient, lourds deca