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JEAN
DE
THOMMERAY
——
LE
COLONEL EVRARD

PAR
JULES SANDEAU
DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE

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PARIS

MICHEL LÉVY FRÈRES, ÉDITEURS
RUE AUBER, 3, PLACE DE L’OPÉRA


LIBRAIRIE NOUVELLE
BOULEVARD DES ITALIENS, 15, AU COIN DE LA RUE DE GRAMMONT

1873

Droits de reproduction et de traduction réservés

JEAN
DE THOMMERAY

A MADEMOISELLE FÉLICIE SANDEAU.

C’est à toi, sœur chérie, mon refuge et maconsolation, que je dédie ce récit, commencésous tes yeux. Étions-nous assez tristes et malheureuxalors! Tu m’as appris que les plusmauvais jours, lorsqu’ils sont traversés prèsdes êtres qu’on aime, laissent encore de biendoux souvenirs.

Jules Sandeau.

JEAN
DE THOMMERAY


C’est à la campagne, près des bois, nonloin de la Seine, dans le modeste enclos oùje comptais achever de vieillir, que je le vispour la première fois. Il avait vingt-deux ansà peine. Quelques pages signées de monnom avaient suffi pour me gagner son cœur:il se présentait sans autre recommandationque sa bonne mine et son désir de me connaître.Les sympathies de la jeunesse ontun attrait irrésistible; il est doux surtout de[p. 6]les inspirer lorsqu’on touche soi-même àl’arrière-saison. Je l’accueillis le mieux queje pus sans qu’il m’en coûtât grand effort,car en vérité il était charmant. Je le voisencore m’abordant au pas de ma grille,svelte, élancé, la figure au teint mat ombragéed’un duvet naissant, le nez fin, l’œilbleu, le front pur, avec de beaux cheveuxd’un blond cendré qui foisonnaient auxtempes; sa tenue, ses manières et sonlangage, l’élégante simplicité qui paraissaitdans sa personne, tout chez lui témoignaiten faveur du foyer où il avait grandi. Ilfaisait une claire journée d’avril; nous lapassâmes ensemble dans les bois de Meudon,sur les coteaux de Sèvres et de Bellevue.Malgré tant d’années qui nous séparaient,nous causions bientôt comme deux[p. 7]amis. Fortune rare dans une époque où lajeunesse du cœur et de l’esprit ne se retrouvaiten général que chez les vieillards, dansune époque où les souvenirs donnaient plusde fleurs que les espérances, où les soirs jetaientplus de flamme que les matins, fortunebien rare en effet et qui mérite d’êtresignalée, ce jeune homme était jeune; ilavait tous les entraînements généreux, toutesles saintes illusions, toutes les heureusespassions de son âge. Il croyait au bien, iladmirait le beau, il rêvait l’amour et lagloire. Je l’éc

...

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