DE
XI.
JEAN.
PARIS.—IMPRIMERIE D'ÉVERAT,rue du Cadran, nº 16.
par
Notre gloire est souvent l'ouvrage d'un sourire.
Legouvé. Mérite des femmes.
PARIS.
GUSTAVE BARBA, LIBRAIRE,
ÉDITEUR DES ŒUVRES DE PIGAULT-LEBRUN ET DE PAUL DE KOCK.
RUE MAZARINE, Nº 34.
1835.
TABLE |
L'ACCOUCHEMENT.
Une heure après minuit venait de sonner à l'église de Saint-Paul; depuislong-temps le silence régnait dans les rues devenues désertes; leshabitans du septième arrondissement dormaient, ou du moins étaientcouchés, ce qui n'est pas absolument synonyme. Le quartier populeux dela rue Saint-Antoine n'était plus fréquenté que par quelquesretardataires, ou par ces gens qui, par état, se mettent, en course lanuit. Les uns marchaient au pas accéléré, passant volontiers de l'autrecôté de la rue lorsqu'ils apercevaient quelqu'un venir contre eux; lesautres s'arrêtaient devant chaque maison, et la lune, qui brillaitalors, éclairait tout cela; elle éclairait encore bien autre chose,puisqu'il n'y en a qu'une pour les quatre parties du monde, et qu'ilfaut qu'elle serve de fanal aux habitans de l'Europe et de l'Asie,qu'elle se réfléchisse en même temps dans les eaux du Nil et dans cellesdu Tibre; que ses rayons éclairent les vastes plaines de l'Amérique etles déserts de l'Arabie; les bords rians du Rhône et les cataractes duNiagara; les ruines de Memphis et les édifices de Paris... On conviendraque c'est bien peu d'une lune pour tout cela.
M. François Durand, herboriste de la rue Saint-Paul, homme de quaranteans alors, qui faisait son état autant par goût que par intérêt, seflattant de connaître les simples mieux qu'aucun botaniste de lacapitale, et se fâchant quand on l'appelait grainetier, était couchédepuis onze heures, selon son invariable coutume, dont il ne s'étaitjamais écarté, même le jour de son mariage; et depuis douze ans, M.François Durand s'était engagé sous les drapeaux de l'hymen avecmademoiselle Félicité Legros, fille d'un marchand de drap de la Cité.
M. Durand était donc couché, et il reposait loin de son épouse, pour uneraison que vous saurez bientôt; M. Durand dormait fort, parce que laconnaissance des simples ne lui échauffait pas l'imagination au point dele priver de sommeil; et il y avait déjà quelques instans que sadomestique Catherine lui secouait le bras et criait à ses oreilles,lorsqu'il ouvrit enfin les yeux et releva à demi la tête de dessus sonoreiller en disant:
«Qu'est-ce donc, Catherine?... Qu'est-ce que c'est?... Pourquoi cescris?...
»—Comment pourquoi, monsieur!.... et voilà dix minutes que je vous disque madame sent des