mais j'ai peur qu'on n'attaque la qualité ou lamoralité de mon style épigraphique. Je voudroisdu moins, puisque je viens de vivre assez longtempsavec elles, ne pas quitter toutes ces pécheressessans leur dire adieu, et je désirerois concentrermes derniers hommages en une vingtainede vers de circonstance; peut-être les aurois-jetournés ainsi:
L'art antique disoit: Qu'on adore les belles! Les poètes disoient: Que tout cède à l'amour! Les poètes et l'art aujourd'hui sont rebelles Au culte dont Laïs a vu le dernier jour.
O femmes! la beauté, c'étoit une victoire, C'étoit une grandeur, c'étoit une vertu; On ne s'informoit pas, pour chanter son histoire, De quel or, sous quel toit, Laïs avoit vécu.
Il suffisoit qu'elle eût la chevelure blonde: La femme étoit Vénus; un grand œil plein d'éclairs: La femme étoit Minerve. Ô sagesse du monde! Devant d'autres autels s'agenouillent nos vers.
Notre admiration se proclame éblouie Par la splendeur des lois qui plaisent aux Césars. Midas a des enfants; la foule, recueillie, Applaudit aux décrets de leur goût pour les arts.
Mieux valoit quand, le front ceint du parfum des roses, Les poètes et l'art saluoient le soleil, Le printemps, le feuillage, et les femmes écloses, Comme de jeunes fleurs, en leur temple vermeil.
Je sais bien que Phryné présage Messaline, Que Jeanne Vaubernier déshonore Ninon; Mais devant la jeunesse il faut que l'on s'incline: Vive qui sut aimer, et qu'importe son nom!
Voilà ce que disoit et pensoit l'Ionie; Ses dieux avoient du moins quelque divinité. On pardonne, je crois, ses crimes au génie: De la même injustice honorons la beauté.
Mais je crains qu'on ne m'accuse d'une tropvive indulgence pour des courtisanes, et je merésigne à réfréner l'ambition de cette préface.
Toutefois je ne la convertirai pas en une étudepréliminaire sur la vie et les œuvres de Bussy-Rabutin;voici pour quelle raison: il me semblequ'une étude de ce genre doit être toujours faitede manière à l'emporter sur les études précédemmentpubliées; il faut, de toute néces