OEUVRES DE MARCEL PROUST


A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU

DU CÔTÉ DE CHEZ SWANN (2 vol.).
A L'OMBRE DES JEUNES FILLES EN FLEURS (3 vol.).
LE CÔTÉ DE GUERMANTES (3 Vol.).
SODOME ET GOMORRHE (2 Vol.).
LA PRISONNIÈRE (2 Vol.).
ALBERTINE DISPARUE.
LE TEMPS RETROUVÉ (2 Vol.).

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PASTICHES ET MÉLANGES.
LES PLAISIRS ET LES JOURS.
CHRONIQUES.
LETTRES A LA N. R. F.
MORCEAUX CHOISIS.
UN AMOUR DE SWANN

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OEUVRES COMPLÈTES (18 vol.).




SODOME ET GOMORRHE



PREMIÈRE PARTIE

PREMIÈRE APPARITION DES HOMMES-FEMMES,
DESCENDANTS DE CEUX DES HABITANTS DE SODOME
QUI FURENT ÉPARGNÉS PAR LE FEU DU CIEL.

«La femme aura Gomorrhe

et l'homme aura Sodome.»

ALFRED DE VIGNY.

On sait que bien avant d'aller ce jour-là (le jour oùavait lieu la soirée de la princesse de Guermantes)rendre au duc et à la duchesse la visite que je viensde raconter, j'avais épié leur retour et fait, pendantla durée de mon guet, une découverte, concernantparticulièrement M. de Charlus, mais si importanteen elle-même que j'ai jusqu'ici, jusqu'au moment depouvoir lui donner la place et l'étendue voulues,différé de la rapporter. J'avais, comme je l'ai dit,délaissé le point de vue merveilleux, si confortablementaménagé au haut de la maison, d'où l'on embrasseles pentes accidentées par où l'on montejusqu'à l'hôtel de Bréquigny, et qui sont gaiementdécorées à l'italienne par le rose campanile de laremise appartenant au marquis de Frécourt. J'avaistrouvé plus pratique, quand j'avais pensé que le ducet la duchesse étaient sur le point de revenir, de meposter sur l'escalier. Je regrettais un peu mon séjourd'altitude. Mais à cette heure-là, qui était celle d'aprèsle déjeuner, j'avais moins à regretter, car je n'auraispas vu, comme le matin, les minuscules personnagesde tableaux, que devenaient à distance les valets depied de l'hôtel de Bréquigny et de Tresmes, fairela lente ascension de la côte abrupte, un plumeau àla main, entre les larges feuilles de mica transparentesqui se détachaient si plaisamment sur lescontreforts rouges. A défaut de la contemplation dugéologue, j'avais du moins celle du botaniste et regardaispar les volets de l'escalier le petit arbuste de laduchesse et la plante précieuse exposés dans la couravec cette insistance qu'on met à faire sortir lesjeunes gens à marier, et je me demandais si l'insecteimprobable viendrait, par un hasard providentiel,visiter le pistil offert et délaissé. La curiosité m'enhardissantpeu à peu, je descendis jusqu'à la fenêtredu rez-de-chaussée, ouverte elle aussi, et dont lesvolets n'étaient qu'à moitié clos. J'entendais distinctement,se préparant à partir, Jupien qui ne pouvaitme découvrir derrière mon store où je restai immobilejusqu'au moment où je me rejetai brusquementde côté par peur d'être vu de M. de Charlus, lequel,allant chez Mme de Villeparisis, traversait lentementla cour, bedonnant, vieilli par le plein jour, grisonnant.Il avait fallu une indisposition de Mme deVilleparisis (conséquence de la maladie du marquisde Fierbois avec lequel il était personnellementbrouillé à mort) pour que M. de Charlus fît unevisite, peut-être la première fois de son existence, àcette heure-là. Car avec cette singularité des Guermantesqui, au lieu de se conformer à la vie mondaine,la modifiaient d'après leurs habitudes personnelles(non mondaines, croyaient-ils, et dignes par conséquentqu'on humiliât devant elles cette chose sansv

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