M. DC. XI.
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E proverbe ancien est bien veritable, que les Dieux nos vendent touteschoses par labeur. Ceci se reconoit par experience ordinaire enplusieurs choses, mais particulièrement au fait duquel nos avons àparler: auquel donne sujet par ses incomparables vertus le sieur dePoutrincourt, de qui les labeurs plus que Herculeans ont dés ja longtemps, mérité une bien ample fortune, et y eust donné attainte au tempsde nos troubles derniers, s'ils n'eust esté trop entier à maintenir leparty qu'il avoit embrassé. Car le Roy le tenant en personne assiegédans le chateau de Beaumont lui voulut donner le Comté dudit leur pourse rendre à son service. Ce qu'ayant refusé, il le fit toutefois peuapres gratuitement voyant sa Majesté redut à l'Eglise CatholiqueRomaine. Vray est que nostre feu ROY HENRI le Grand l'avoit obligé enune chose, d'est d'avoir rendu par sa bouche ce témoignage de lui, qu'ilestoit un des plus hommes de bien, & des plus valeureux de son royaume.Suivant quoy aussi apres noz guerres passées, lui qui naturellement estporté aux entreprises difficiles, fuyant la vie oisive, aurait recherchél'occasion de faire plus que devant paroitre son courage, honorer sonPrince, & illustrer sa patrie. Ce qu'il auroit fait par la rencontre dusieur de Monts, lequel en l'an 1603, entreprenoit le voyage de la FranceNouvelle & Occidentale d'outre mer, avec lequel il se joignit pour yreconoistre une terre propre à habiter & y rendre service à Dieu et auRoy. A quoy il a depuis travaillé continuellement & eust desja beaucoupavancé l'oeuvre, si sa facilité ne se fust trop fiée à des hommestrompeurs, qui lui ont fait perdre son temps et son argent. Voire encoreestant Gentilhomme indomtable à la fatigue, & sans craintes aux hazars,il se pourroi