DE L'IMPRIMERIE DE LACHEVARDIÈRE,
RUE DU COLOMBIER, No 30, à PARIS.
PREMIÈRE LIVRAISON
contenant
L'HISTOIRE POLITIQUE DES GRANDS OFFICES DE LA MAISON ET COURONNE DEFRANCE;
DES DIGNITÉS DE LA COUR, ET PARTICULIÈREMENT DES MARQUIS,
ETDU SYSTÈME NOBILIAIRE DEPUIS FRANÇOIS PREMIER.
PARIS,
HECTOR BOSSANGE, LIBRAIRE,
QUAI VOLTAIRE, No 11.
LIBRAIRIE DES ÉTRANGERS,
RUE NEUVE-SAINT-AUGUSTIN, No 50.
AOÛT 1830.
On répète souvent cette conclusion du jugement porté par Anquetil surFrançois Ier: «Ses défauts n'ont affligé que son siècle, et nousjouissons des fruits de ses bonnes qualités.»
Anquetil et la plupart de ses lecteurs se sont persuadé que cetteconclusion caractérisait un règne dont la probité interdit l'éloge, etpour lequel néanmoins la sévérité paraît difficile, ne fût-ce que parle défaut d'exemples qui y disposent.
On se flatte bonnement de satisfaire la justice, en avouant d'abordque ce règne a été une calamité pour la partie du seizième siècle àlaquelle il s'étend, et en avançant ensuite qu'il a jeté dans lanation des semences de bien dont les siècles (p. 002) suivants ontopéré le développement, et auxquelles nous devons aujourd'hui dedouces et nobles jouissances.
Quand j'ai parlé de cette opinion à la fin de mon Mémoire concernantFrançois Ier, j'ai craint d'en trop dire; je vois, par lesobservations qui m'ont été faites, que je n'ai point dit assez, et jereprends la récapitulation de quelques parties de ce règne.
Quels furent donc les défauts et les bonnes qualités de François Ier,quelles furent les calamités dont ses défauts affligèrent son siècle,et quelles sont les jouissances que nous devons à ses bonnes qualités?
«Ce prince, dit Anquetil, était indiscret jusqu'à l'imprudence,léger, imprévoyant. Il fit des femmes de sa cour des objets descandale. Il avait l'amour du luxe et des plaisirs: voilà ses défauts.Les fêtes, les spectacles, le faste de sa cour lui coûtaient autantque la guerre; ses guerres et ses négociations furent toutes aussimalheureuses les unes que les autres: voilà ses fautes. «En revanche,dit toujours Anquetil, il était affable, éloquent, loyal; il aimaitles sciences; il affectionnait et honorait les savants; il avait desmœurs douces et polies: telles furent ses bonnes qualités. Lapolitesse de sa cour, à laquelle nous devons la douceur et l'élégancede mœurs qui fixent sur la France les regards charmés desétrangers; la restauration des lettres, l'essor qu'elles ont pris, lahauteur où notre littérature s'est élevée et se soutient depuis prèsde deux (p. 003) siècles; tels sont, selon Anquetil, les heureuxfruits de ses bonnes qualités, dont nous jouissons.»
Indiscret, léger, imprévoyant, fastueux, galant, dépensier, que toutcela ne s'appelle que des défauts dans un roi, j'y consens; quetoutes les disgrâces méritées d'un négociateur décrié et les reversd'un guerrier présomptueux et malhabile, s'appellent des fautes,quand il s'agit d'un roi, j'y souscris encore, pourvu que cetteindulgence ne passe pas dans la morale publique.
Mais pourquoi Anquetil oublie-t-il dans son résumé la crapule qu