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UN ENTRETIEN PAR MOIS
TOME HUITIÈME
PARIS
ON S'ABONNE CHEZ L'AUTEUR,
RUE DE LA VILLE L'ÉVÊQUE, 43.
1859
L'auteur se réserve le droit de traduction et de reproduction àl'étranger.
REVUE MENSUELLE.
VIII
Paris.—Typographie de Firmin Didot frères, fils et Cie, rue Jacob, 56.
(2e PARTIE.)
Les Soirées de Pétersbourg, sortes de dialogues de Platon chrétienécrits à la cour d'un roi des Scythes, sont la grande œuvre du comtede Maistre. Ils furent écrits pendant ce qu'il appelle son exil àPétersbourg, dans les loisirs d'un ambassadeur sans cour, loisirsinterrompus seulement par quelques dépêches sans affaires. C'est dansces dialogues à tous hasards de sa (p. 6)pensée que le comte de Maistrea développé le plus de talent, d'audace d'esprit et d'originalitésouvent étrange de style. Tantôt il procède de J.-J. Rousseau; tantôt ilessaye de procéder de Voltaire, mais sans atteindre à l'atticisme dusarcasme voltairien; tantôt il ne procède que de lui-même, et c'estalors qu'il est le plus admirable d'improvisation et d'éjaculation deses idées.
Les premières pages affectent évidemment la forme du commencement de laprofession de foi du vicaire savoyard de J.-J. Rousseau. On sent l'hommequi a vu les Charmettes et conversé peut-être dans sa jeunesse avecmadame de Warens. Toutes les fois que l'homme se prépare à parlerdignement de Dieu, il éprouve le besoin de se mettre en face de lanature. Lisons ensemble ce simple et magnifique prologue des Soirées;c'est le premier morceau de plume que l'écrivain me lut à moi-même, pourconsulter mon goût inexpérimenté, sous les platanes de Chambéry. Jevoudrais pouvoir noter de son accent, comme une musique, chaque phrasequi résonne encore à mes oreilles après tant d'années.
«Au mois de juillet 1809, à la fin d'une journée (p. 7)des pluschaudes, je remontais la Néva dans une chaloupe avec le conseiller privéde T..., membre du sénat de Saint-Pétersbourg, et le chevalier de B...,jeune Français que les orages de la révolution de son pays et une fouled'événements bizarres avaient poussé dans cette capitale. L'estimeréciproque, la conformité de goûts et quelques relations précieuses deservices et d'hospitalité avaient formé entre nous une liaison intime.L'un et l'autre m'accompagnaient ce jour-là jusqu'à la maison decampagne où je passais l'été. Quoique située dans l'enceinte de laville, elle est cependant assez éloignée du centre pour qu'il soitpermis de l'appeler campagne, et même solitude; car il s'en faut debeaucoup que toute cette enceinte soit occupée par les bâtiments, et,quoique les vides qui se trouvent dans la partie habitée se remplissentà vue d'œil, il n'est pas possible de prévoir encore si leshabitations doivent un jour s'avancer jusqu'aux limites tracées par ledoigt hardi de Pierre Ier.
«Il était à peu près neuf heures du soir; le soleil se couchait par untemps superbe; le faible vent qui nous poussait expira dans la voile BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!
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