PROCÈS
DES
TEMPLIERS

PUBLIÉ
PAR M. MICHELET
MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR AU COLLÉGE ROYAL DE FRANCE
CHEF DE LA SECTION HISTORIQUE AUX ARCHIVES DU ROYAUME

TOME I

PARIS
IMPRIMERIE ROYALE

M DCCC XLI


COLLECTION
DE
DOCUMENTS INÉDITS
SUR L'HISTOIRE DE FRANCE

PUBLIÉS
PAR ORDRE DU ROI
ET PAR LES SOINS
DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE

PREMIÈRE SÉRIE

HISTOIRE POLITIQUE


Nous publions dans ce volume et dans les premières feuillesdu suivant l'acte le plus important du procès des Templiers.C'est l'interrogatoire que le Grand Maître et deux cent trenteet un chevaliers ou frères servants subirent à Paris par-devantles commissaires pontificaux.

Cet interrogatoire fut conduit lentement, et avec beaucoupde ménagement et de douceur, par de hauts dignitaires ecclésiastiques,un archevêque, plusieurs évêques, etc. Les dépositionsobtenues ainsi méritent plus de confiance que lesaveux, d'ailleurs très-brefs, uniformes et peu instructifs,que les inquisiteurs et les gens du Roi avaient arrachés parla torture, immédiatement après l'arrestation.

Il reste deux manuscrits authentiques du grand interrogatoire.L'un, copie sur vélin, fut envoyé au pape, et il est enfermésous la triple clef du Vatican. L'autre, sur simple papier, futdéposé au trésor de Notre-Dame de Paris. A en juger par lessurcharges et les ratures, celui-ci pourrait bien avoir été unerédaction primitive faite jour par jour sur les notes d'audience.

Il porte à la dernière page les mots suivants: «Poursurcroît de précaution, nous avons déposé ladite procédure,rédigée par un des notaires en acte authentique, dans letrésor de Notre-Dame de Paris, pour n'être exhibée à personneque sur lettres spéciales de Votre Sainteté.»

A quelle époque le mystérieux registre fut-il tiré de Notre-Dame?Nous l'ignorons. Si nous en croyons du Puy (reg. 746,p. 165), il se trouvait au XVIe siècle dans la bibliothèque duprésident Brisson. De là il passa dans les mains de M. Servin,avocat général, enfin dans celles des Harlay. Au milieu duXVIIIe siècle, M. de Harlay le légua avec ses manuscrits auxbénédictins de Saint-Germain des Prés. Ayant heureusementéchappé à l'incendie de leur bibliothèque en 1793,il a été déposé à la Bibliothèque royale, fonds Harlay,no 49.

Si ce monument de scandale était resté enfoui au trésor deNotre-Dame, ce n'est pas nous qui l'en aurions fait sortir. Maisil en a été tiré depuis longtemps; depuis longtemps il estconnu par de courts extraits, par des citations partielles,choisies selon des vues différentes. Les savants hommes quiles premiers n'ont pas craint de le divulguer, y cherchaientuniquement, quelle que fût leur bonne foi, ce qui pouvait appuyerdeux systèmes, deux plaidoyers opposés. Ils ont montréet ils ont caché; le scandale n'en a été que plus grand.

Mieux valait publier tout, donner les pièces, les actes enentier. Cette grande affaire, la plus grave peut-être du moyenâge, devait, pour être traitée gravement, se présenter à la critiquedans l'intégralité de ses détails (omnia munda mundis),dans sa vérité naïve et terrible.

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