De Crenne.
Les anxietez & tristesse des miserables(comme je peulx penser & conjecturer)se diminuent, quand on les peult declarera quelque sien amy fidele. Parceque je suis certaine par moy mesmes,que les dames naturellement sontinclinees a avoir compassion. C’est a vous mes noblesdames, que je veulx mes extremes douleurs estre communiquees.Car j’estime que mon infortune vous provoqueraa quelques larmes piteuses : qui me pourra donnerquelque refrigeration medicamente. Helas quandje vins a rememorer les afflictions, dont mon tristecueur a esté, & est continuellement agité, par infinitzdesirs & amoureux aguillonnemens. Cela me cause unedouleur qui excede toutes aultres, en sorte que mamain tremblante, demeure immobile. O trescheres dames,quand je considere que en voyant comme j’ayesté surprinse, vous pourez eviter les dangereux laqsd’amour, en y resistant du commencement, sans continueren amoureuses pensees, Je vous prie de vouloireviter ociosité, & vous occupez a quelques honnestesexercices. En ces considerations je me vins a reverberer& reprehendre mes forces, en exorant celle qui estmere & file de l’altitonant plasmateur, de vouloir aydera ma triste memoire, a soustenir ma debile main,pour vous le sçavoir bien escripre.
Au temps que la deesse CIBELE despouillason glacial & gelide habit,& vestit sa verdoyante robbe tapisseede diverses couleurs, je fuz procreede noblesse : & fuz cause a ma naissancede reduyre en grand joye & lyesse mes plus prochainsparens, qui sont pere & mere, parce qu’ilzestoient hors d’esperan