L'ILLUSTRATION

Prix du Numéro: 75 cent.

SAMEDI 13 JUIN 1891

49e Année.--Nº 2520


LA DÉCORATION DU PANTHÉON.--Maquette du groupe
de «laRévolution» par M. Falguière.



La Grande semaine! Elle a commencé, elle a brillé, elle est finie. Sonexistence est bien remplie.

D'abord, revue printanière au cercle de la rue Boissy-D'Anglas. Puis, leGrand-Prix. Émotions du jeu et émotions barométriques mêlées. Quigagnera la course? Pleuvra-t-il? Ne pleuvra-t-il pas? Garden-party etréception du soir à l'ambassade d'Angleterre. Dîners un peu partout,représentations à peu près partout. Comédie chez M. Anisson du Perron.Comédie chez lady Lytton, Coquelin ici, Mlle Reichenberg là. Baldiplomatique et mondain chez M. Ribot, au ministère des affairesétrangères. Sans compter la fameuse répétition générale au cirqueMolier et la revue improvisée par le Figaro--une vraie revue pimpanteet amusante--pour la fin de ses réceptions hebdomadaires.

Si un Parisien dans le train n'a pas un peu de migraine à la fin de lasemaine, c'est qu'il a la tête solide. Rien de plus divertissant, dureste, que ces revues lestement enlevées et qui ne sentent ni l'huile nila pose. On les joue avec entrain, comme elles ont été écrites, etvraiment le marquis de Massa est tout à fait dans le ton. Il tourne lecouplet avec grâce et lui seul peut encore évoquer dans un rondeau,devant le tout Paris élégant et peu gobeur, la figure paterne du bonBéranger.

--Béranger! Ah! cet ancêtre! dirait l'étonnante Lavigne.

On avait annoncé que le prince de Galles ferait tout exprès le voyage deLondres à Paris: 1° pour assister au Grand-Prix; 2° pour applaudir lescouplets de M. de Massa et les interprètes de Floréal. Des politiquestrès profonds voyaient déjà dans ce voyage une petite protestation--trèsplatonique--contre la quadruple alliance:

«La preuve que l'Angleterre n'est pas défavorable à la France, c'est quele prince de Galles vient écouter Mme Simon-Girard. C'est concluant.»

Point du tout. Il n'est pas venu. Il ne devait pas venir. LeBaccara-Case, l'affaire de sir Gordon Cumming,--le gros scandalebritannique--absorbait l'attention du prince. On a couru à Longchamps eton a représenté Floréal sans Son Altesse.

Pendant ce temps, on rendait les derniers devoirs au brave généralSumpt, le gouverneur des Invalides, une figure militaire dans le genredu vieux Rantzau, celui à qui Mars n'avait rien laissé d'entier que lecœur. Le général Sumpt, avec ses deux poignets emportés, trouvaitencore moyen de manier son chapeau et de conserver le geste ducommandement.

Il était superbe avec son visage énergique et ses mains de boismécaniques. C'est d'une entorse devenue gangréneuse qu'il meurt. A aucunprix il n'avait voulu se faire opérer:

--Non, disait-il, les deux mains emportées c'est bien assez. Un piedcoupé, ce serait trop. Je vais aller rejoindre mes poignets.

Il les avait laissés à Sedan. Un obus les lui avait tranchés net, commeavec un couteau. Et, depuis ce temps, le général sans bras commandait àdes soldats sans jambes, à ces pauvres vieux qui finissent là-bas,inconnus et oubliés, après avoir bien servi leur patrie.

Ah! ils ne s'inquiétaient pas du Grand-Prix, dimanche, ces boiteux etces manchots. Mais, en regardant le calendrier, ils se disaientpourtant:

--C'est demain seulement la Saint-Médard. Aujourd'hui c'est l

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