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COURS FAMILIER
DE
LITTÉRATURE

UN ENTRETIEN PAR MOIS

PAR
M. A. DE LAMARTINE

TOME DOUZIÈME

PARIS
ON S'ABONNE CHEZ L'AUTEUR,
RUE DE LA VILLE L'ÉVÊQUE, 43.

1861

L'auteur se réserve le droit de traduction et de reproduction àl'étranger.

COURS FAMILIER
DE
LITTÉRATURE

REVUE MENSUELLE.

XII

Paris.—Typographie de Firmin Didot frères, fils et Cie, rue Jacob, 56.

(p. 5) LXVIIe ENTRETIEN

J.-J. ROUSSEAU.
SON FAUX CONTRAT SOCIAL ET LE VRAI CONTRAT SOCIAL.

TROISIÈME PARTIE.

I

Finissons-en avec les théories imaginaires de ces législateurs desrêves, qui, en plaçant le but hors de portée parce qu'il est hors de lavérité, consument le peuple en vains efforts pour l'atteindre, fontperdre le temps à l'humanité, finissent par l'irriter de son impuissanceet par la jeter dans des fureurs suicides, au lieu de la guider sous ledoigt de Dieu vers des améliorations salutaires à l'avenir dessociétés.

(p. 6) Rousseau et ses disciples en politique n'ont pas jeté au peuplemoins de fausses définitions de la liberté politique que de l'égalitésociale.

Qu'est-ce que la liberté, selon ces hommes qui ne définissent jamais,afin de pouvoir tromper toujours l'esprit des peuples?

La liberté de J.-J. Rousseau, c'est le droit de se gouverner soi-même,sans considération de la liberté d'autrui, dans une association dont onrevendique pour soi tous les bénéfices sans en accepter les charges.

C'est-à-dire que cette liberté est la souveraine injustice; c'est laliberté abusive des quakers, qui veulent que la société armée lesdéfende, mais qui refusent de s'armer eux-mêmes pour défendre leur solet leurs frères. En un mot, c'est l'anarchie dans l'individu réclamantl'ordre dans la nation. Voilà la liberté sans limites et sansréciprocité des sectaires de Rousseau.

Qu'est-ce au contraire que la liberté? Selon nous, métaphysiquementparlant, cette liberté bien définie, c'est la révolte naturelle del'égoïsme individuel contre la volonté générale de la société ou de lanation. Or, si cette révolte (p. 7) de la nature irréfléchie, del'égoïsme individuel dont ces philosophes font un prétendu droit dans cequ'ils appellent les droits de l'homme, existait, la société cesseraità l'instant d'exister, car la société ne se maintient que par latoute-puissance et la toute légitimité de la volonté générale sur lavolonté égoïste de l'individu. Cette révolte instinctive de l'égoïsmeindividuel qu'on appelle la liberté sans limites est donc un crime etune anarchie. Ce droit est le droit de périr soi-même en faisant périrl'État.

Cette liberté au fond n'est donc qu'un vain mot; le sauvage seul peutdire: «Je suis libre,» mais à condition d'être sauvage et d'être seul,c'est-à-dire esclave de sa misère et des éléments.

Non, la liberté de J.-J. Rousseau et de ses émules n'existe pas; c'estle nom d'une chose qui ne peut pas être, une fiction à l'aide delaquelle on trompe l'ignorance des peuples et on justifie la révolte del'individu contre l'ensemble social.

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